« Bitna, sous le ciel de Séoul » de J.M.G. Le Clézio: le pouvoir des mots

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Le Prix Nobel de littérature J.M.G. Le Clézio se glisse dans la peau d’une étudiante coréenne et signe une fable d’une infinie poésie sur le pouvoir des mots.

Bitna en coréen signifie « celle qui brille« . C’est le prénom de la nouvelle héroïne de J.M.G. Le Clézio, une jeune fille originaire de Jeolla-do, venue s’installer à Séoul pour faire ses études. Issue d’un milieu modeste, Bitna n’a d’autre choix que de travailler pour payer sa scolarité. Un jour dans une librairie elle tombe sur une annonce: « Je m’appelle Kim Se-Ri, mais je préfère Salomé, je ne peux plus sortir de chez moi à cause de la maladie. J’attends celui, celle qui viendra me raconter le monde. J’aime beaucoup les histoires. Ceci est une annonce sérieuse, en échange de vos histoires je vous donnerai un bon salaire . » Ainsi commence l’histoire de Bitna, la petite conteuse d’histoires. 
Chaque jour la jeune fille se rend au domicile de la vieille femme malade et invente pour elle des contes extraordinaires: celui de M.Cho et de ses pigeons qui ont pour mission de traverser la Corée, celui de mademoiselle Kitty la petite chatte qui porte des messages, celle de Naomi abandonnée sur un parvis et devenue chanteuse à succès…

 

Le pouvoir des mots

Autant d’histoires enchâssées au récit de Bitna dont le lecteur se doute qu’elles ne sont pas sans lien avec la vie de la jeune fille. Peu à peu ces contes aussi poétiques que cruels vont devenir indispensables à la vieille femme. Pour elle ces « histoires ne sont pas seulement des histoires, ce sont aussi des sensations qui l’effleurent, qui brûlent sa peau, des coups d’aiguille dans ses jointures, des vagues lancinantes derrière ses yeux . » Et chaque jour un peu plus la jeune fille mesure avec effarement l’extraordinaire pouvoir des mots. « Je suis devenue sa maîtresse, celle qu’elle doit suivre aveuglément à travers les méandres de l’imagination, à la merci de mes mots et de mes désirs, j’ai ce pouvoir de continuer ou d’interrompre le flux qui ajoute du temps à sa vie et retarde l’heure de sa mort. » 
Un pouvoir infini qui est celui de la littérature et dont J.M.G. Le Clézio use avec une délicatesse et une poésie rares.

272 pages
(illustration de l’article: © Philippe Matsas)

vidéo: JMG Le Clezio à propos de ce roman dans « La grande librairie » (France)

  les lectures d’Alexandra
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