📚 « Antonia-Journal 1965-1966 » de Gabriella Zalapi: desperate housewife
L’artiste plasticienne formée à la Haute Ecole d’art et de design de Genève publie un premier roman sous la forme d’un Journal pour dire la dépression puis l’émancipation d’une femme. Pudique et poignant.
C’est l’histoire d’une femme qui tombe. Et qui le 5 juillet 1965 consigne dans son Journal: « Je suis confuse en permanence. (…) Je suis sur le point de m’évanouir à chaque seconde ». Mariée sans amour à un bourgeois de Palerme, Antonia s’étiole dans sa prison dorée et rêve de faire voler en éclat ce carcan de « perfect housewife » qu’elle a fini par exécrer. « Te rends-tu compte d’où tu vis? De comment tu vis? Tu devrais te sentir comblée », la sermonne son grand-père loin de soupçonner la dépression qui la ronge. Antonia le sait mais rien n’y fait. Ni les exhortations de son mari. Ni les promesses à son petit garçon qu’elle ne parvient pas à aimer.
Secrets de famille
Un jour, la jeune femme reçoit des boîtes contenant lettres et photos de son illustre famille. Exhumant un à un les précieux documents, elle s’immerge dans le passé aussi fascinant que troublant de ses aïeux. De Nonna sa grand-mère paternelle adorée à Mutti qui l’accueillera en Suisse lorsque sa mère la chassera de chez elle, en passant par Henry, second mari de cette dernière, tous les secrets de cette famille cosmopolite vont peu à peu refaire surface. « Ces souvenirs catapultés dans mon présent me tourmentent certes, -écrit la jeune femme- mais me donnent aussi la sensation de finalement toucher le sol, de m’ancrer dans le réel. La brume diffuse, la confusion qui habitait ma mémoire, se dissipe petit à petit . »
De Vienne à Nassau en passant par Londres, Kitzbühel et Palerme, Antonia mettra enfin des mots sur les silences qui ont marqué son enfance. Petite fille rendue responsable du divorce de ses parents puis abusée par son beau- père, Antonia fuira sa famille en se mariant puis en ayant un enfant. Ce n’est pourtant qu’au terme de ce voyage dans sa généalogie personnelle que la jeune femme fera la paix avec elle-même.
Récit d’une émancipation, le faux Journal d’Antonia est émaillé de photographies qui participent à la grâce de ce premier roman où rien n’est jamais asséné. Juste esquissé. Une vraie réussite.
De Vienne à Nassau en passant par Londres, Kitzbühel et Palerme, Antonia mettra enfin des mots sur les silences qui ont marqué son enfance. Petite fille rendue responsable du divorce de ses parents puis abusée par son beau- père, Antonia fuira sa famille en se mariant puis en ayant un enfant. Ce n’est pourtant qu’au terme de ce voyage dans sa généalogie personnelle que la jeune femme fera la paix avec elle-même.
Récit d’une émancipation, le faux Journal d’Antonia est émaillé de photographies qui participent à la grâce de ce premier roman où rien n’est jamais asséné. Juste esquissé. Une vraie réussite.
> éditions Zoé – 112 pages
► les lectures d’Alexandra
► la critique littéraire desmotsdeminuit.fr
►nous écrire: desmotsdeminuit@francetv.fr
► la page facebook desmotsdeminuit.fr Abonnez-vous pour être alerté de toutes les nouvelles publications.
► @desmotsdeminuit
Articles Liés
- Philippe Rahmy (1965-2017): les mots contre une essentielle fragilité
Dès l'enfance, parce qu'on ne peut pas jouer avec les autres, rendre avec des mots…
-
« Hollywood, ville mirage » de Joseph Kessel: dans la jungle hollywoodienne
29/06/202051250Tandis que l’auteur du Lion fait une entrée très remarquée dans la ...