📚 🎭 Léonor de Récondo « Point cardinal » et Christophe Collin « Premier amour » #552
Que peuvent bien être ou devenir les mots de l’amour, de la famille ou de la mémoire quand il se sait être une femme; quand, dans un cimetière il faut, avec le langage comme seul viatique, explorer les pavements d’une vie. L’écrivaine continue de chercher à saisir ce qui fait identité chez la personne. Le comédien au galure prête son intranquillité de corps et d’esprit à l’Irlandais douloureux
« Point cardinal
Sur le parking d’un supermarché, dans une petite ville de province, une femme se démaquille. Enlever sa perruque, sa robe de soie, rouler ses bas sur ses chevilles : ses gestes ressemblent à un arrachement. Bientôt, celle qui, à peine une heure auparavant, dansait à corps perdu sera devenue méconnaissable.
Laurent, en tenue de sport, a remis de l’ordre dans sa voiture. Il s’apprête à rejoindre femme et enfants pour le dîner. Avec Solange, rencontrée au lycée, la complicité a été immédiate. Laurent s’est longtemps abandonné à leur bonheur calme. Sa vie bascule quand, à la faveur de trois jours solitaires, il se travestit pour la première fois dans le foyer qu’ils ont bâti ensemble. À son retour, Solange trouve un cheveu blond…
Léonor de Récondo va alors suivre ses personnages sur le chemin d’une transformation radicale. Car la découverte de Solange conforte Laurent dans sa certitude : il est une femme. Reste à convaincre ceux qu’il aime de l’accepter.
La détermination de Laurent, le désarroi de Solange, les réactions contrastées des enfants – Claire a treize ans, Thomas seize –, l’incrédulité des collègues de travail : l’écrivain accompagne au plus près de leurs émotions ceux dont la vie est bouleversée. Avec des phrases limpides et d’une poignante justesse, elle trace le difficile parcours d’un être dont toute l’énergie est tendue vers la lumière.
Par-delà le sujet singulier du changement de sexe, Léonor de Récondo écrit un grand roman sur le courage d’être soi. »
©SabineWespieser
Ce qu’on appelle l’amour, c’est l’exil avec de temps en temps une carte postale du pays.
Un homme est seul dans un endroit désert et familier.
Il se remémore son histoire.
Il y a cette chose qui lui est arrivée. L’amour.
À moins que ce ne soit l’humour. Les deux, peut-être.
Il y a surtout ce voyage dans les petites choses de la vie et cette expérience vertigineuse d’être là, tout simplement.
Un premier amour. Une sensation irrésistible et inexplicable? Une intense expérience de sa singularité ? La traversée que nous propose Samuel Beckett a tout à voir avec ce trouble initiatique. Il met le spectateur en position de créateur, celui qui par les mots, va se dessiner une histoire, une existence. Il nous rappelle à quel point il est possible de jubiler de ces rapports directs et secrets avec les objets insignifiants qui composent notre quotidien, qui sont notre monde. » ©lesdéchargeurs
« C’est en 1945 que Samuel Beckett écrit, en français, « Premier Amour ». Nous sommes à l’aube de son œuvre. Et déjà tous les ingrédients y sont réunis. L’étrangeté et l’exil habitent cette nouvelle, en mettant en jeu le drame et la comédie d’un homme en prise avec son intérieur, en vagabondage dans l’exploration du temps et de l’espace. Certes, Beckett donne encore à cette époque à voir un personnage : un homme au milieu de sa vie, en quête d’un lieu où être, et un décor : un cimetière, un canal, un banc, une chambre sous les toits. Mais déjà l’essentiel est ailleurs. C’est bien de la langue qu’il s’agit. De sa capacité à nous dégager de l’écume des choses, à échapper aux représentations, à revenir perpétuellement à la question première de ce que signifie être là. Ce mouvement d’évidement par les mots ne craint pas l’absurdité dans laquelle il laisse le lecteur et le spectateur. Depuis cet endroit, naît un rapport direct, intense, inspirant, libre, réjouissant avec soi-même, et avec le reste. »
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