Alors que la question de l’égalité, ou plutôt de l’absence d’égalité entre hommes et femmes, rebondit partout, et c’est tant mieux, le monde de la musique semble curieusement silencieux. Comme si tout ce qui ailleurs se dénonce, inégalités salariales, inégalités de chances, n’avait pas court derrière les pupitres. Mais à y regarder de plus près…
Si c’était un jeu ou une chanson, ça pourrait s’appeler « Chercher la femme ». Vous avez trente secondes.
Elle en a du mérite cette pauvre et solitaire saxophoniste baryton. L’image fût simple à trouver. Par contre, chercher une photo d’orchestre où la parité, puisque c’est de ça qu’il s’agit, est respectée, équivaut à chercher une baguette de chef d’orchestre dans une meule de foin. Mais quand un orchestre est composé uniquement de représentant(e)s de même sexe, les dames, contrairement aux hommes doivent indiquer ce choix, comme pour formuler une revendication et presque une excuse.
Puisque les images manquent, tournons-nous vers les chiffres, ils sont accablants. Tant pour le classique que pour le jazz:
En 2017, tous les nominés des Victoires du jazz étaient des hommes. 96% des chefs d’orchestres sont des hommes.
L’expression « Chef d’orchestre » n’existe même pas au féminin.
Sur 120 groupes musicaux français, 4 sont dirigés par une femme.
Et ce dernier, comme une condamnation capitale :
Dans les festivals l’été qui vient, 97% des musiciens engagés sont des hommes.
En 2017, tous les nominés des Victoires du jazz étaient des hommes. 96% des chefs d’orchestres sont des hommes.
L’expression « Chef d’orchestre » n’existe même pas au féminin.
Sur 120 groupes musicaux français, 4 sont dirigés par une femme.
Et ce dernier, comme une condamnation capitale :
Dans les festivals l’été qui vient, 97% des musiciens engagés sont des hommes.
Et je n’évoquerai bien sûr pas le monde du hard rock où les femmes sont cantonnées aux rôles de groupies dénudées et en transe tandis que les hip-hoppers décorent le plus souvent leurs clips de naïades décoratives et muettes.
Bien sûr la violence sexiste dans le monde de la musique est aussi vieille et présente qu’elle l’est dans la société où elle vit et s’exprime. Comme pour les poètes ou les écrivains, longtemps, le seul rôle qui incombait à la femme était celui de muse. Les compositeurs classiques en ont abusé, mais les jazzmen ne sont pas en reste. Mais qui était cette Naïma de John Coltrane, ou cette Debby de Bill Evans? Avait-elle un nom de famille? Etait-elle musicienne?
Mille moments de l’histoire de la musique, mille histoires de sexisme qui remontent salement. Se souvenir par exemple que la géniale harpiste Lily Laskine resta trente ans « remplaçante Titulaire » (sic) à l’Opéra de paris. Se souvenir encore qu’en 2001, l’orchestre de l’Opéra de Vienne, composé exclusivement d’hommes, refusa d’être dirigé par une femme (Claire Gibault) même pour les répétitions. Se souvenir enfin comme d’une sainte martyre du sexisme de son époque, de toutes les époques, de Fanny Hensel, la sœur du grand Félix Mendelssohn, qui jamais ne fût autorisée à revendiquer ses compositions, devant les offrir en silence à son frère qui les signait de sa signature d’homme, et les endossait comme siennes du haut de son génie viril.
Longtemps dans la république des orchestres classiques les femmes furent parquées dans l’enclos des violonistes, des harpistes ou des chanteuses, bien au fond, dans le chœur. Jamais on aurait toléré ni même imaginé, une femme trompettiste, ou percussionniste. La femme était forcément séraphique, et les instruments qu’elle pratiquait devaient rappeler cette pureté de vierge. Dans le monde du jazz, elles durent se contenter du chant, ou plus rarement du piano. Comment dit-on batteur au féminin? Cela a-t-il tellement changé aujourd’hui?
L’avenir de la femme sera-t-il plus équitable dans la génération qui vient? On peut penser que NON quand on constante qu’au CNSM, en classe de composition, il n’y a pas une seule femme. On peut penser que OUI quand on écoute à la batterie Anne Paceo et son quartet, ensemble où la parité est aussi engagée et sereine que la musique. Et si les jeunes étaient moins cons ne nous? C’est pas gagné, mais c’est jouable. Vous l’entendez?
Bien sûr la violence sexiste dans le monde de la musique est aussi vieille et présente qu’elle l’est dans la société où elle vit et s’exprime. Comme pour les poètes ou les écrivains, longtemps, le seul rôle qui incombait à la femme était celui de muse. Les compositeurs classiques en ont abusé, mais les jazzmen ne sont pas en reste. Mais qui était cette Naïma de John Coltrane, ou cette Debby de Bill Evans? Avait-elle un nom de famille? Etait-elle musicienne?
Mille moments de l’histoire de la musique, mille histoires de sexisme qui remontent salement. Se souvenir par exemple que la géniale harpiste Lily Laskine resta trente ans « remplaçante Titulaire » (sic) à l’Opéra de paris. Se souvenir encore qu’en 2001, l’orchestre de l’Opéra de Vienne, composé exclusivement d’hommes, refusa d’être dirigé par une femme (Claire Gibault) même pour les répétitions. Se souvenir enfin comme d’une sainte martyre du sexisme de son époque, de toutes les époques, de Fanny Hensel, la sœur du grand Félix Mendelssohn, qui jamais ne fût autorisée à revendiquer ses compositions, devant les offrir en silence à son frère qui les signait de sa signature d’homme, et les endossait comme siennes du haut de son génie viril.
Longtemps dans la république des orchestres classiques les femmes furent parquées dans l’enclos des violonistes, des harpistes ou des chanteuses, bien au fond, dans le chœur. Jamais on aurait toléré ni même imaginé, une femme trompettiste, ou percussionniste. La femme était forcément séraphique, et les instruments qu’elle pratiquait devaient rappeler cette pureté de vierge. Dans le monde du jazz, elles durent se contenter du chant, ou plus rarement du piano. Comment dit-on batteur au féminin? Cela a-t-il tellement changé aujourd’hui?
L’avenir de la femme sera-t-il plus équitable dans la génération qui vient? On peut penser que NON quand on constante qu’au CNSM, en classe de composition, il n’y a pas une seule femme. On peut penser que OUI quand on écoute à la batterie Anne Paceo et son quartet, ensemble où la parité est aussi engagée et sereine que la musique. Et si les jeunes étaient moins cons ne nous? C’est pas gagné, mais c’est jouable. Vous l’entendez?
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