Biothéconomie, bibliothéconomie, biothecomanie, bibliothécomanie… vous connaissez, vous ?
Ce matin, je ne suis vraiment pas la duchesse de Guermantes, on pourrait presque dire que je deviens les antipodes de la comtesse Greffulhe.
Je me réveille à 5h15 pour aller prendre le premier bus de 5h40, que je vois filer sous mes yeux encore endormis. Du coup, je prends un taxi vers la gare Montparnasse, pour prendre le train de 6h25 qui m’amène à la fac: parce que c’est ça, enseigner dans une fac située à 2h de Paris.
Dans le train, je trouve une place pour mon ordinateur et les deux Pléiades que je trimballe partout avec moi, et je travaille deux heures sur ma thèse.
Arrivée dans l’amphi à 8h45, pour un partiel qui commence à 9h, je suis zen et sereine. Une fois que les copies seront distribuées, les cartes d’identité vérifiées, les élèves scrutés pour voir s’ils correspondent à leur photo et les feuilles d’émargement signées, j’aurai au moins 2h30 pour boucler mon premier chapitre, et idem cet après-midi. L’objectif étant de déposer ce premier chapitre dans le casier de ma directrice ce soir.
J’ouvre les différentes enveloppes qui contiennent les sujets, regarde les intitulés en moins de deux – psychologie pour les uns, histoire littéraire pour les autres – et hausse la voix quand personne ne répond :
– C’est pour qui la biothéconomie ?
Une dizaine d’élèves réagit, tout est sous contrôle, je rejoins l’autre examinateur.
Et c’est quoi au fond la biothéconomie? Sans doute un mélange d’éthique et d’économie biologique, peu importe, j’ai mon chapitre à finir. Tout ce que je sais sur l’économie, c’est que ça vient du grec oikos (la maison) et nomos (la loi) : la gestion du foyer en somme.
Bref c’est très proustien, même si, chez Léonie, à Combray, ou à Paris chez le héros, ça serait plutôt la biothécomanie, la gestion maniaque du foyer.
À la fin des trois heures, je demande à mon collègue :
– Qu’est-ce que vous voulez ramasser? L’Histoire littéraire ou la biothécomanie?
Il me regarde bizarrement, mais impassible :
– la bibliothéconomie.
Évidemment, la bibliothéconomie, c’est le type de matière que les étudiants étudient, plus que la biothéconomie. Surtout quand ils se préparent aux métiers du livre.
J’aurais peut-être mieux fait de me préparer aux métiers du livre moi aussi, au lieu de chercher à finir ce chapitre.
À moins que je sois déjà devenue une bibliothécomaniaque?
Je me réveille à 5h15 pour aller prendre le premier bus de 5h40, que je vois filer sous mes yeux encore endormis. Du coup, je prends un taxi vers la gare Montparnasse, pour prendre le train de 6h25 qui m’amène à la fac: parce que c’est ça, enseigner dans une fac située à 2h de Paris.
Dans le train, je trouve une place pour mon ordinateur et les deux Pléiades que je trimballe partout avec moi, et je travaille deux heures sur ma thèse.
Arrivée dans l’amphi à 8h45, pour un partiel qui commence à 9h, je suis zen et sereine. Une fois que les copies seront distribuées, les cartes d’identité vérifiées, les élèves scrutés pour voir s’ils correspondent à leur photo et les feuilles d’émargement signées, j’aurai au moins 2h30 pour boucler mon premier chapitre, et idem cet après-midi. L’objectif étant de déposer ce premier chapitre dans le casier de ma directrice ce soir.
J’ouvre les différentes enveloppes qui contiennent les sujets, regarde les intitulés en moins de deux – psychologie pour les uns, histoire littéraire pour les autres – et hausse la voix quand personne ne répond :
– C’est pour qui la biothéconomie ?
Une dizaine d’élèves réagit, tout est sous contrôle, je rejoins l’autre examinateur.
Et c’est quoi au fond la biothéconomie? Sans doute un mélange d’éthique et d’économie biologique, peu importe, j’ai mon chapitre à finir. Tout ce que je sais sur l’économie, c’est que ça vient du grec oikos (la maison) et nomos (la loi) : la gestion du foyer en somme.
Bref c’est très proustien, même si, chez Léonie, à Combray, ou à Paris chez le héros, ça serait plutôt la biothécomanie, la gestion maniaque du foyer.
À la fin des trois heures, je demande à mon collègue :
– Qu’est-ce que vous voulez ramasser? L’Histoire littéraire ou la biothécomanie?
Il me regarde bizarrement, mais impassible :
– la bibliothéconomie.
Évidemment, la bibliothéconomie, c’est le type de matière que les étudiants étudient, plus que la biothéconomie. Surtout quand ils se préparent aux métiers du livre.
J’aurais peut-être mieux fait de me préparer aux métiers du livre moi aussi, au lieu de chercher à finir ce chapitre.
À moins que je sois déjà devenue une bibliothécomaniaque?
A suivre.
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