Quand je dis le mot littérature, ils ont encore les yeux qui brillent. C’est beau les rentrées. Dommage que ça ne dure pas plus de deux ou trois semaines.
Ça y est, c’est bel et bien (comme disait le duc de Guermantes) la rentrée !
Avant l’été, j’avais remué ciel et terre pour que tous mes cours soient placés le même jour. J’étais allée pleurer auprès des profs et de l’administration en leur disant que cette année serait décisive pour moi parce que je commençais la rédaction de ma thèse, j’avais tenté d’attirer leur bienveillance en expliquant que comme j’habitais à Paris pour des raisons conjugales, chaque aller et retour en TGV représentait pour moi un budget plus que conséquent pour mon petit salaire de doctorante… L’argument de la distance géographique a le don d’exaspérer l’administration, qui n’aime jamais tellement les « turbo-profs« , mais j’ai finalement obtenu gain de cause ! Et je suis tellement contente de ne plus avoir à perdre mon temps en errant à la fac pendant des heures entre mes cours que ça m’a boostée tout l’été. Parce qu’il ne faut pas sous-estimer l’impact psychologique et pédagogique d’un bon emploi du temps sur la motivation et la concentration des profs.
Alors c’est vrai, je redécouvre les levers à 6h du matin pour aller prendre mon TGV, les courses folles vers le bus qui m’emmène à la fac, la queue aux photocopieuses de la salle des profs… Mais savoir que je serai rentrée chez moi vers 23h le soir, au lieu de rester dormir dans une auberge de jeunesse miteuse, ça me donne vraiment des ailes.
Le premier jour, les profs accueillent les étudiants de Licence 1 dans un petit amphi pour leur présenter les enseignements de la filière, et bizarrement, j’ai dix fois plus le trac de présenter mon cours devant les autres profs que devant les élèves. Et si je faisais une faute de français ou un lapsus devant tous mes collègues? Et s’ils se rendaient compte que mon cours magistral est complètement bancal? Que je suis totalement dépourvue de charisme? Et puis cette présentation, c’est un peu la foire aux enseignements, chacun doit vendre son cours aux étudiants qui choisiront ensuite où ils s’inscrivent. Du coup, tous les coups sont permis: une prof essaye d’attirer les élèves en leur disant que son CM n’est qu’à 10h et pas à 8h du matin, ce qui leur permettra de dormir deux heures de plus… Un autre annonce que dans son cours, il n’y aura pas de livre à acheter car il distribuera les photocopies nécessaires… Personnellement, je n’avais pas prévu de blague particulière donc je me contente de faire mon petit topo avec le sourire le plus rayonnant possible, furieuse que deux maîtres de conf papotent dans mon dos pendant que j’essaye de me concentrer.
Et c’est parti deux jours après pour le début des cours! Gros coup de stress le matin parce que le bus s’arrête pendant des heures donc j’arrive pile à l’heure pour le début de mon cours, je demande à la loge s’il faut une clé pour la salle de cours que je vais garder pendant trois heures, je monte les quatre étages en courant après avoir entendu une réponse négative péniblement articulée, joue des coudes dans le couloir pour arriver devant la porte… fermée à double tour ! Et c’est reparti pour huit étages à la recherche de cette foutue clé.
Je reviens cinq minutes après, rouge comme une tomate, devant les 35 élèves de mon TD encore très sages comme des images, et la magie opère… Quand je dis le mot littérature, ils ont encore les yeux qui brillent, et quand je pose une question, trois ou quatre mains motivées se lèvent à l’unisson. C’est beau les rentrées. Dommage que ça ne dure pas plus de deux ou trois semaines.
Avant l’été, j’avais remué ciel et terre pour que tous mes cours soient placés le même jour. J’étais allée pleurer auprès des profs et de l’administration en leur disant que cette année serait décisive pour moi parce que je commençais la rédaction de ma thèse, j’avais tenté d’attirer leur bienveillance en expliquant que comme j’habitais à Paris pour des raisons conjugales, chaque aller et retour en TGV représentait pour moi un budget plus que conséquent pour mon petit salaire de doctorante… L’argument de la distance géographique a le don d’exaspérer l’administration, qui n’aime jamais tellement les « turbo-profs« , mais j’ai finalement obtenu gain de cause ! Et je suis tellement contente de ne plus avoir à perdre mon temps en errant à la fac pendant des heures entre mes cours que ça m’a boostée tout l’été. Parce qu’il ne faut pas sous-estimer l’impact psychologique et pédagogique d’un bon emploi du temps sur la motivation et la concentration des profs.
Alors c’est vrai, je redécouvre les levers à 6h du matin pour aller prendre mon TGV, les courses folles vers le bus qui m’emmène à la fac, la queue aux photocopieuses de la salle des profs… Mais savoir que je serai rentrée chez moi vers 23h le soir, au lieu de rester dormir dans une auberge de jeunesse miteuse, ça me donne vraiment des ailes.
Le premier jour, les profs accueillent les étudiants de Licence 1 dans un petit amphi pour leur présenter les enseignements de la filière, et bizarrement, j’ai dix fois plus le trac de présenter mon cours devant les autres profs que devant les élèves. Et si je faisais une faute de français ou un lapsus devant tous mes collègues? Et s’ils se rendaient compte que mon cours magistral est complètement bancal? Que je suis totalement dépourvue de charisme? Et puis cette présentation, c’est un peu la foire aux enseignements, chacun doit vendre son cours aux étudiants qui choisiront ensuite où ils s’inscrivent. Du coup, tous les coups sont permis: une prof essaye d’attirer les élèves en leur disant que son CM n’est qu’à 10h et pas à 8h du matin, ce qui leur permettra de dormir deux heures de plus… Un autre annonce que dans son cours, il n’y aura pas de livre à acheter car il distribuera les photocopies nécessaires… Personnellement, je n’avais pas prévu de blague particulière donc je me contente de faire mon petit topo avec le sourire le plus rayonnant possible, furieuse que deux maîtres de conf papotent dans mon dos pendant que j’essaye de me concentrer.
Et c’est parti deux jours après pour le début des cours! Gros coup de stress le matin parce que le bus s’arrête pendant des heures donc j’arrive pile à l’heure pour le début de mon cours, je demande à la loge s’il faut une clé pour la salle de cours que je vais garder pendant trois heures, je monte les quatre étages en courant après avoir entendu une réponse négative péniblement articulée, joue des coudes dans le couloir pour arriver devant la porte… fermée à double tour ! Et c’est reparti pour huit étages à la recherche de cette foutue clé.
Je reviens cinq minutes après, rouge comme une tomate, devant les 35 élèves de mon TD encore très sages comme des images, et la magie opère… Quand je dis le mot littérature, ils ont encore les yeux qui brillent, et quand je pose une question, trois ou quatre mains motivées se lèvent à l’unisson. C’est beau les rentrées. Dommage que ça ne dure pas plus de deux ou trois semaines.
A suivre.
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