On ne naît pas thésard, et on s’étonne souvent de l’être devenu… Un choix de vie assumé, au prix de quelques angoisses.

Cette fois, c’est vraiment les vacances, et je dirais même l’essence de ce dont j’avais rêvé toute l’année quand ce mot venait cruellement me titiller en pleine surveillance de partiels, ou pendant les interminables corrections de copies illisibles.
 
Je passe dix jours en Corse avec mon copain – parce que oui, mon copain est Corse – dans le petit village de Balagne d’où est issue sa famille. Le matin, on boit notre café sur la place du village en écoutant distraitement les nouvelles si futiles du continent, on se lézarde toute la journée sur des plages de sable fin désertes, et on boit de la liqueur de myrte le soir, sur la terrasse, bercés par les petites clochettes de quelques moutons égarés dans la montagne.
 
On échafaude des plans pour tout abandonner, venir vivre au village et renoncer à toute carrière en métropole. Allez, au moins six mois par an histoire d’écrire nos thèses loin de toute tentation. Même les trois mois d’été, ce serait déjà pas mal. Bon, gardons les pieds sur terre, on a déjà du mal à dégager de toute obligation dix jours par an… Le paradis ne se conquiert que de haute lutte.
 
Et puis au-delà de quinze jours, le risque de reconversion serait énorme. Je serais bien capable de briser mon contrat doctoral, pour réaliser enfin ce vieux fantasme d’érémitisme dans un endroit paradisiaque.
Parce qu’être moine, je me suis souvent dit que c’était encore mieux qu’être thésarde : une vie contemplative dans des endroits sublimes, pas de comptes à rendre au bout de trois ou quatre ans.
Dommage que l’engagement monastique s’accompagne d’un certain nombre de contraintes non négociables, notamment aux chapitre de la théologie et de la conjugalité.

 

À suivre.

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