Comme tous les cinémas du monde, le cinéma indien témoigne. Même quand il est bollywoodien (des centaines de titres produits chaque année), il raconte une culture, ses valeurs et ses mirages. Face à cette déferlante étoilée qui, à coup de milliards, produit du rêve à la chaîne, d’autres cinéastes (certes confidentiellement), inscrivent leurs films dans un réel plus quotidien, forcément moins gai.
Titli, une chronique indienne – Kanu BEHL (Inde) – 2h07
Titli a économisé, il voudrait acheter la gérance du parking d’un centre commercial en construction dans le centre-ville opulent, mais son rêve s’effondre quand il se fait dévaliser de son pécule lors d’un nouveau mauvais plan Vikhram. Ses frères se rendent bien compte de ses envies dissidentes, pour continuer à le contraindre, ils décident de le marier de force. La malheureuse élue s’appelle Neelu, elle est belle et intelligente, dans une société patriarcale et machiste, elle n’a pas son mot à dire. Mais les deux époux maudits vont faire affaire ensemble pour tenter de se libérer de tous les jougs, et c’est vraiment pas simple.
Le film est attachant et souvent captivant, même s’il est imparfait ici ou là: c’est un premier long-métrage dont le scenario, qui multiplie les situation d’impossibilités, se risque à devenir trop sinueux . A l’opposé de la fabrique à rêves bollywoodienne, Kanu Behl est dans le concret du tableau d’une réalité sociale et culturelle indienne. S’il fictionne, c’est pour mieux documenter sur un environnement qu’il connaît bien, où la misère affronte les nouveaux riches, une police gangrénée par la corruption qui profite, une violence au quotidien (ici mise en images de façon trop démonstrative). Et des femmes réduites aux derniers rôles, Kanu Behl en fait ses héroïnes, ses personnages féminins sont les seuls dignes et forts de son film.
D’autres cinéastes ont déjà abordé ces rives troubles de la société indienne, Anurag Kashyap avec « Ugly« , par exemple, en 2014. Sur place, leurs propositions sont peu de chose face au bulldozer bollywoodien.
Chez nous, ils nous renseignent. Paradoxe: le cinéma nous apprend plus que le JT…
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