« The rider » de Chloé Zhao: colère ou résignation d’un cavalier blessé 🎬
Un deuxième film en milieu indien de la réalisatrice sino-américaine, un deuxième chef-d’oeuvre.
C’est un jeune cowboy mais aussi un indien, Lakota, de la tribu Sioux des Brulés qui vit dans la réserve de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud. Une vingtaine d’années, peu bavard sauf avec les chevaux à qui il parle mais avec autre chose que des mots. Une intimité réciproque, une fusion fascinante à observer.
Outre son plein accord avec la nature, la passion de Brady c’est le rodéo, un sport dans lequel il est champion. Mais faudrait-il parler au passé? Brady vient d’être victime d’un moche accident sur la piste, piétiné par une monture furieuse, il relève d’un sérieux traumatisme crânien. Les médecins qui l’ont opéré lui recommandent d’arrêter, une nouvelle chute pourrait avoir des conséquences plus graves encore. Pourquoi, comment s’y résoudre, Brady n’est pas du genre à abandonner. Même s’il constate d’inquiétantes petites séquelles.
Le jeune homme à la beauté ombrageuse vit dans la roulotte familiale avec son père qui lui a tout appris avant de céder à la tentation des pubs et des machines à sous. Il y a aussi Lilly, sa petite sœur, autiste légère, rigolote d’un bon sens venu de son ailleurs. Communication particulière si attentive à l’autre, elle aussi admirable.
Pour que son univers ne se rétrécisse pas trop au cafardeux visionnage des vidéos du passé, en attendant, Brady trouve un job au supermarché voisin, surtout reprend le débourrage de chevaux sauvages, il y excelle de façon quasi-mystique, Chloé Zhao le filme au plus près dans une séquence ahurissante. Pourtant, raison de vivre autant que déraison, il veut encore l’adrénaline du rodéo. Il en connaît les dangers pour savoir notamment que son meilleur ami est devenu légume après une terrible chute. Ne pas devenir inutile à sa vie. Quand son cheval gravement blessé doit être abattu, il confie, brut de mélancolie, à Lilly sa sœurette: « Si un cheval ne peut plus être libre, s’amuser, faire ce dont il a envie, il faut l’abattre; on me laisse en vie parce que je suis humain. » Ainsi pourrait se résumer son désarroi.
Outre son plein accord avec la nature, la passion de Brady c’est le rodéo, un sport dans lequel il est champion. Mais faudrait-il parler au passé? Brady vient d’être victime d’un moche accident sur la piste, piétiné par une monture furieuse, il relève d’un sérieux traumatisme crânien. Les médecins qui l’ont opéré lui recommandent d’arrêter, une nouvelle chute pourrait avoir des conséquences plus graves encore. Pourquoi, comment s’y résoudre, Brady n’est pas du genre à abandonner. Même s’il constate d’inquiétantes petites séquelles.
Le jeune homme à la beauté ombrageuse vit dans la roulotte familiale avec son père qui lui a tout appris avant de céder à la tentation des pubs et des machines à sous. Il y a aussi Lilly, sa petite sœur, autiste légère, rigolote d’un bon sens venu de son ailleurs. Communication particulière si attentive à l’autre, elle aussi admirable.
Pour que son univers ne se rétrécisse pas trop au cafardeux visionnage des vidéos du passé, en attendant, Brady trouve un job au supermarché voisin, surtout reprend le débourrage de chevaux sauvages, il y excelle de façon quasi-mystique, Chloé Zhao le filme au plus près dans une séquence ahurissante. Pourtant, raison de vivre autant que déraison, il veut encore l’adrénaline du rodéo. Il en connaît les dangers pour savoir notamment que son meilleur ami est devenu légume après une terrible chute. Ne pas devenir inutile à sa vie. Quand son cheval gravement blessé doit être abattu, il confie, brut de mélancolie, à Lilly sa sœurette: « Si un cheval ne peut plus être libre, s’amuser, faire ce dont il a envie, il faut l’abattre; on me laisse en vie parce que je suis humain. » Ainsi pourrait se résumer son désarroi.
Vivre avec la différence
Chloé Zhao avait émerveillé avec son film précédent « Les chansons que mes frères m’ont apprises« . « The rider » a été tourné dans la même réserve indienne qu’elle connaît bien pour y avoir passé plusieurs années en immersion. C’est là qu’elle a rencontré Brady, ce jeune dompteur indomptable existe bel et bien ainsi que son père et sa sœur et tous les autres. C’est la belle astuce de la jeune réalisatrice née à Pékin, désormais installée aux Etats-Unis, que de transformer un documentaire en vrai film. En le scénarisant, elle rend son récit captivant et… original tout en restant authentique.
Ce cabossé du rodéo est donc bien réel, l’empathie que l’on ressent à son égard n’en est que plus sincère, tout autant que la compassion pour un idéal blessé. On ne sait ce qu’il en adviendra mais on voudrait imaginer que cet héros discret en fera son affaire à sa façon, si particulière, d’exister avec les autres, tous les autres, la nature, les chevaux, les hommes, exister avec l’univers. « The rider » est peut-être aussi, d’abord, une ode à l’apprentissage de la différence. Celle de ces montures fougueuses avec qui on peut apprendre et communiquer, la même disponibilité fondamentale qui fonde la relation de Brady avec sa sœur handicapée, avec son ami de rodéo détruit, cloué à vie sur une chaise roulante dans un institut.
Chloé Zhao n’est pas angéliste, elle suggère aussi les limites du modèle indien attaqué par un monde moderne qui n’a rien à voir avec ses racines. Les grands espaces dans lesquels il survit, qu’elle montre dans leur hostile beauté, sont menacés. Comme elle, d’autres ont dit comment les native americans le sont de moins en moins.
« The rider » explore une âme indienne qui pourrait avantageusement renseigner un monde qui n’en a (presque) plus. C’est aussi pour ça que le film est vrai et magnifique.
Ce cabossé du rodéo est donc bien réel, l’empathie que l’on ressent à son égard n’en est que plus sincère, tout autant que la compassion pour un idéal blessé. On ne sait ce qu’il en adviendra mais on voudrait imaginer que cet héros discret en fera son affaire à sa façon, si particulière, d’exister avec les autres, tous les autres, la nature, les chevaux, les hommes, exister avec l’univers. « The rider » est peut-être aussi, d’abord, une ode à l’apprentissage de la différence. Celle de ces montures fougueuses avec qui on peut apprendre et communiquer, la même disponibilité fondamentale qui fonde la relation de Brady avec sa sœur handicapée, avec son ami de rodéo détruit, cloué à vie sur une chaise roulante dans un institut.
Chloé Zhao n’est pas angéliste, elle suggère aussi les limites du modèle indien attaqué par un monde moderne qui n’a rien à voir avec ses racines. Les grands espaces dans lesquels il survit, qu’elle montre dans leur hostile beauté, sont menacés. Comme elle, d’autres ont dit comment les native americans le sont de moins en moins.
« The rider » explore une âme indienne qui pourrait avantageusement renseigner un monde qui n’en a (presque) plus. C’est aussi pour ça que le film est vrai et magnifique.
► Extrait:
The rider – Chloé Zhao (USA) – 1h45
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