Un premier film, un premier chef d’œuvre. « In the family » est le film indispensable de la semaine, du mois, de l’année. Une très grande maîtrise cinématographique pour une dramatique histoire tout autant maîtrisée. Coup de cœur desmotsdeminuit.
Joey et Cody vivent ensemble depuis 6 ans. Avec Chip, un bambin de 6 ans qui a donc deux pères et qui s’en accommode naturellement, parfaitement et joyeusement. Accident: Cody meurt. Au retour de l’enterrement, Joey rentre à la maison avec Chip qui se sert un Coca et apporte à son père une canette de bière qu’il ouvre laborieusement. Pas une larme, pas un rictus, juste le regard dans le lointain de Joey. Toute l’économie de ce film dramatique est ainsi donnée dans ce moment. Pas de pathos, pas de sentimentalisme, pas d’autre revendication que de raconter dans un décor très nouveau une histoire bouleversante de parentalité.
La relation homosexuelle de Cody avec Joey avait été vécue sans embarras par sa famille, d’autant qu’elle succédait à une tragédie: sa femme et mère de Chip était morte en couches. Joey n’est donc pas le père de l’enfant, pire, il n’a désormais plus aucun droit sur lui, Cody, avant même de connaître son amant, avait désigné sa sœur comme exécutrice testamentaire dans un document lui confiant la garde de Chip. L’exécutrice exécute et enlève le môme. Les avocats consultés ne sont pas encourageants: la cause de Joey n’est juridiquement pas plaidable. Père illégitime donc, mais père combattant, son amour pour Chip est authentique, il en connaît d’autant mieux les enjeux qu’il est lui-même orphelin.
Le film dure près de 3 heures, l’exceptionnelle qualité du scénario fait qu’on ne s’ennuie jamais, vraiment jamais. Chaque séquence est indispensable et en soi passionnante, des trésors de cinéma qui révèlent ici ou là les moteurs complexes d’une histoire simple et installent un tout aussi palpitant qu’un thriller à l’issue apparemment impossible.
Chef d’œuvre de mise en scène, sa grande sobriété mais son invention permanente en font sa force et son attraction. Servie par un casting de première qualité, dont Patrick Wang, devant et derrière la caméra, et un gamin-comédien juste ahurissant de vérité.
In the family c’est aussi un pur produit cinématographique: maîtrise des cadres et des mouvements, pas un plan n’est négligé, souvent dans une réécriture très originale des standards.
On dira enfin que le couple homosexuel n’est pas tant le sujet principal qu’un artifice génial pour dire l’universelle nécessité parentale. Au point qu’on suggèrerait de distribuer le film aux participants de cette manif pour tous (pour tous?) qui prétendent connaître mieux que quiconque les fondamentaux de la famille.
In the family est un efficace antidote aux nouveaux obscurantismes, c’est un chef d’œuvre pour tous.
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