« Le temps des rêves », fantômes de la liberté 🎬

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Un mur tombe, tout est possible. Même les rêves peuvent déboucher sur un cauchemar.

Le temps des rêves – Andreas DRESEN (Allemagne) – 1h57

Ils sortent de l’adolescence en même temps que leur pays s’affranchit de Moscou. En ce début des années 90, à Leipzig,  ces cinq-là ont 16 ans et des poussières, celles du mur qui vient de tomber. Eblouis par cette liberté soudaine, hypnotisés autant que désemparés par le chaos qui s’est ouvert. Juste avant, c’était la propagande à l’école et le bourrage de crâne dans les organisations de jeunesse patriotiques, pour des yeux d’enfants, cette routine balisée était comme un confort. Choc thermique, ils se réchauffent à la bière et se débouchent les oreilles à n’importe quoi pourvu que ce soit à donf. Pour s’occuper, ils vandalisent des voitures ou les volent, ou les deux. Leur arrogance cache mal leur vulnérabilité, d’ailleurs ils ont aussi le cœur tendre: entre deux bastons, ils aident une petite vieille déboussolée elle aussi, même si au passage, ils lui confisquent ses économies. 
Trêve de conneries, encore que, ils décident de monter une boîte dans une friche abandonnée. Un bar bien approvisionné et sur scène des groupes qui déménagent. Ça va si bien démarrer qu’un caïd local veut prendre le contrôle de la petite affaire. Ils résistent mais c’est contre eux-même qu’ils doivent désormais se battre. La drogue s’est invitée à cette fête triste, le ver est dans le fruit car le dealer fait partie de la bande.
La liberté ouvre parfois des tombeaux.

 

Cette période n’a peut-être pas été exactement telle que nous la représentons car ce film est notre propre vision, notre vérité.

Andreas Dresen

C’est dur, c’est radical, c’est Dresen. Le cinéaste allemand, l’un des plus doués de l’après Fassbinder, ne mâche pas ses maux. Lui-même enfant de la RDA, il sait de quoi il parle et surtout comment il veut en parler. Nul envie de faire un film historique, l’époque n’est qu’un contexte pour installer un drame du désœuvrement et de la désespérance qui, à un décor près, est potentiellement de tous les lieux, de tous les temps. Dresen ne s’y complait pas, ne le juge pas, il le montre froidement, au risque parfois de trop insister sur la violence de ces paumés et de la musique qui les assourdit. Pourtant l’excellence de sa mise en scène et la vérité de ses comédiens font que le film est authentiquement bouleversant.

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