« Le fils de Saul », un Dvd pour aller au cœur d’une œuvre majeure 🎬
Voir, revoir, décortiquer un film pudique sur l’horreur.
Le fils de Saul – László Nemes (Hongrie) – durée du film: 1h47 Dvd / Blu-ray (Ad Vitam)
Quelques mots de l’histoire. 1944, Saul, juif hongrois déporté, est un sonderkommando affecté à l’un des crématoires d’Auschwitz. Comme ses compagnons d’infortune, il a perdu toute humanité à exécuter sa tâche de mort qui est aussi la condition de sa survie. Quand parmi ses victimes, il croit reconnaître un enfant qui pourrait être son fils, il n’aura plus pour autre impossible projet que de lui offrir une sépulture selon les règles de sa religion. Une histoire presque accessoire, l’essentiel sera dans la façon de dire l’enfer de ces bourreaux contraints d’éliminer de la pire façon leurs frères et sœurs. Jamais on avait vu le quotidien de cette horreur, Le fils de Saul est une fiction mais le film est authentiquement documenté.
László Nemes ne montre pas, il suggère, dans ses hors-champ et une bande-son souvent plus terrible que l’image. Un hors-champ qui est parfois aussi dans le cadre mais estompé par une technique de flous rarement aussi bien maîtrisée. Ainsi évoluent dans des pénombres fauves et vert-de-gris ces zombies de la mise à mort et cet homme, Saul, qui veut retrouver une âme, dans de prodigieux plans-séquences au plus près de visages qui n’ont plus d’expressions.
Il faut voir les films en salle, dans le noir, sur un grand écran. Le Dvd permet de s’arrêter, de reculer, de revoir, ici d’admirer une virtuosité à peine croyable: Le fils de Saul est un premier long-métrage. Cette livraison d’Ad Vitam, permet, dans ses bonus, d’entendre les commentaires du réalisateur et de son monteur sur l’intégralité des 107 minutes: ils affirment et expliquent les partis-pris de réalisation du film, les difficultés de son tournage, la volonté de ne pas en rajouter, ne « pas faire du cinéma« . Ils expliquent aussi certaines séquences moins compréhensibles lors d’un premier visionnage.
Bonus encore, un court-métrage de László Nemes, With a little patience (2007), un plan séquence de 13 minutes, d’abord énigmatique, qui révèle ensuite une thématique voisine du Fils de Saul et déjà la façon d’un réalisateur dont on attend avec une certaine impatience la suite.
> Reportage de Pascale Deschamps, à Cannes.
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