« Vie sauvage », un père dans la nature avec ses deux enfants qu’il a enlevés à leur mère. La nature n’est pas simple, elle est libre.
« Fidaï », documentaire sur un ancien petit soldat du FLN qui, à l’âge de la transmission, veut se souvenir et pose aussi la question du statut du résistant.
Vie sauvage – Cédric KAHN (France) 1h46
C’est la fin du couple Paco et Nora. Elle n’en peut plus de la vie de nomades qu’ils avaient pourtant décidée ensemble. Ils se séparent, dans l’attente d’un jugement, leurs fils sont confiés à la garde de Nora. Paco, ne l’entend pas ainsi. Brisé, sa détermination est sanguine: il enlève Okyesa et Tsali qui veulent eux aussi rester avec leur père, tous trois prennent la fuite. La cavale va durer dix ans, à déjouer flics et gendarmes que Nora a lancés à leurs trousses. Traqués, ils se sentent pourtant plus libres que jamais, la planète communautaire baba-roots les accueille discrètement ici ou là, c’est drôle de se cacher, de changer de nom. Paco fait la classe, l’anar tendance bio est un père attentionné mais exigeant. C’est d’ailleurs son intransigeance qui lassera les enfants. Devenus ados, il y a forcément de la révolte qui grippe la belle entente, désaccorde la petite musique demi-familiale.
Le film démarre à 100 à l’heure, pas de générique, il ne faut pas louper un premier quart d’heure tonitruant et douloureux qui pose habilement les bases d’un scénario très librement inspiré d’un fait divers (l’affaire Xavier Fortin, également à la base de « La belle vie » de Jean Denizot ). Il se pose ensuite pour un récit plus fluide, celui d’une cavale réjouissante et apaisée, de la vie au grand air, aux grands airs qui, après une ellipse de 7 ans, deviennent irrespirables pour deux enfants desormais ados qui n’avaient pas tout compris du début de l’histoire.
La facture de « Vie sauvage » est à l’unisson de son titre: nature. Pas d’artifice, lumière naturelle autant que la mise en scène. Et dans la foulée, un Mathieu Kassovitz lui aussi tellement naturel qu’on n’a pas l’impression qu’il joue. Performance également de Céline Sallette: elle n’a que peu de scènes mais s’affirme aussi vite comme une grande comédienne française du moment.
C’est la fin du couple Paco et Nora. Elle n’en peut plus de la vie de nomades qu’ils avaient pourtant décidée ensemble. Ils se séparent, dans l’attente d’un jugement, leurs fils sont confiés à la garde de Nora. Paco, ne l’entend pas ainsi. Brisé, sa détermination est sanguine: il enlève Okyesa et Tsali qui veulent eux aussi rester avec leur père, tous trois prennent la fuite. La cavale va durer dix ans, à déjouer flics et gendarmes que Nora a lancés à leurs trousses. Traqués, ils se sentent pourtant plus libres que jamais, la planète communautaire baba-roots les accueille discrètement ici ou là, c’est drôle de se cacher, de changer de nom. Paco fait la classe, l’anar tendance bio est un père attentionné mais exigeant. C’est d’ailleurs son intransigeance qui lassera les enfants. Devenus ados, il y a forcément de la révolte qui grippe la belle entente, désaccorde la petite musique demi-familiale.
Le film démarre à 100 à l’heure, pas de générique, il ne faut pas louper un premier quart d’heure tonitruant et douloureux qui pose habilement les bases d’un scénario très librement inspiré d’un fait divers (l’affaire Xavier Fortin, également à la base de « La belle vie » de Jean Denizot ). Il se pose ensuite pour un récit plus fluide, celui d’une cavale réjouissante et apaisée, de la vie au grand air, aux grands airs qui, après une ellipse de 7 ans, deviennent irrespirables pour deux enfants desormais ados qui n’avaient pas tout compris du début de l’histoire.
La facture de « Vie sauvage » est à l’unisson de son titre: nature. Pas d’artifice, lumière naturelle autant que la mise en scène. Et dans la foulée, un Mathieu Kassovitz lui aussi tellement naturel qu’on n’a pas l’impression qu’il joue. Performance également de Céline Sallette: elle n’a que peu de scènes mais s’affirme aussi vite comme une grande comédienne française du moment.
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FIDAï – documentaire – Damien OUNOURI (France) 1h22
Mohamed El Hadi Benadouda est algérien, il a aujourd’hui 70 ans. Sa jeunesse c’est la guerre d’Algérie. La guerre d’Algérie, que l’Etat français d’alors camouflait en « événements« , date de plus de 50 ans, elle ne fait toujours pas vraiment partie de l’histoire nationale, comme si le camouflage arrangeait encore une fierté patriote, certes à nouveau très à la mode politique.
Mohamed vivait alors dans ce qui n’était qu’une colonie, à l’école on lui avait appris les Croisades, Louis XIV et Napoléon. Ensuite jeune ouvrier agricole, on lui raconte les massacres de Sétif, et il se révolte de son statut de colonisé mis en joue par une armée française qui torture les siens et pratique les exécutions sommaires. Il décide de proposer ses bras et sa vie au maquis de la résistance mais finalement rejoint les insurgés clandestins sur le territoire métropolitain et devient un activiste du FLN à Paris. Ses missions sont modestes, peu importe, il peut tuer, c’est un combattant de la liberté. « On sacrifie sa vie pour l’indépendance » dit-il aujourd’hui dans ce film témoignage. De ses faits d’armes, il prétendait avoir tout oublié, il en avait peu raconté à ses proches quand il était revenu dans son pays libéré. Pour le projet de Damien Ounouri, il veut se souvenir. Et en lieux et places, il mime devant la caméra ses faits et gestes d’hier, parfois meurtriers. Et explique, bon musulman qu’il est, comment la religion accepterait l’acte de tuer: « Pour la Révolution, tuer est pardonné. Le colonialisme est insupportable« . Bon dos la religion, bon dos les religions, en leurs noms on commet dans la grâce divine tous les sacrifices, toutes les atrocités aussi.
C’est l’engagement du petit soldat de la résistance à ce qui lui fut inacceptable qui fait sujet, dans « FidaÏ« , quelle que soit la cause de la Résistance. Même si la mémoire de Mohamed semble aujourd’hui un peu approximative au point qu’il semble être dans la composition dans les scènes de reconstitution, son témoignage est authentique et dit ce que peut être l’engagement de ces petites gens qui font les grands changements.
Les « terroristes » d’hier deviennent parfois des héros au gré des évolutions de l’interprétation de l’histoire, ceux de la guerre contre l’occupation de l’Algérie autant que ceux qui ont combattu le nazisme, et tant d’autres, un jour stigmatisés, le lendemain célébrés.
Ca n’est sans doute pas le propos de « FidaÏ« , mais une actualité internationale du moment invite à nouveau à s’interroger sur l’ambiguïté des notions de terroristes et de héros quand pour de jeunes européens, certes souvent sans repères, le jihad apparait comme un projet.
Question de point de vue.
Mohamed El Hadi Benadouda est algérien, il a aujourd’hui 70 ans. Sa jeunesse c’est la guerre d’Algérie. La guerre d’Algérie, que l’Etat français d’alors camouflait en « événements« , date de plus de 50 ans, elle ne fait toujours pas vraiment partie de l’histoire nationale, comme si le camouflage arrangeait encore une fierté patriote, certes à nouveau très à la mode politique.
Mohamed vivait alors dans ce qui n’était qu’une colonie, à l’école on lui avait appris les Croisades, Louis XIV et Napoléon. Ensuite jeune ouvrier agricole, on lui raconte les massacres de Sétif, et il se révolte de son statut de colonisé mis en joue par une armée française qui torture les siens et pratique les exécutions sommaires. Il décide de proposer ses bras et sa vie au maquis de la résistance mais finalement rejoint les insurgés clandestins sur le territoire métropolitain et devient un activiste du FLN à Paris. Ses missions sont modestes, peu importe, il peut tuer, c’est un combattant de la liberté. « On sacrifie sa vie pour l’indépendance » dit-il aujourd’hui dans ce film témoignage. De ses faits d’armes, il prétendait avoir tout oublié, il en avait peu raconté à ses proches quand il était revenu dans son pays libéré. Pour le projet de Damien Ounouri, il veut se souvenir. Et en lieux et places, il mime devant la caméra ses faits et gestes d’hier, parfois meurtriers. Et explique, bon musulman qu’il est, comment la religion accepterait l’acte de tuer: « Pour la Révolution, tuer est pardonné. Le colonialisme est insupportable« . Bon dos la religion, bon dos les religions, en leurs noms on commet dans la grâce divine tous les sacrifices, toutes les atrocités aussi.
C’est l’engagement du petit soldat de la résistance à ce qui lui fut inacceptable qui fait sujet, dans « FidaÏ« , quelle que soit la cause de la Résistance. Même si la mémoire de Mohamed semble aujourd’hui un peu approximative au point qu’il semble être dans la composition dans les scènes de reconstitution, son témoignage est authentique et dit ce que peut être l’engagement de ces petites gens qui font les grands changements.
Les « terroristes » d’hier deviennent parfois des héros au gré des évolutions de l’interprétation de l’histoire, ceux de la guerre contre l’occupation de l’Algérie autant que ceux qui ont combattu le nazisme, et tant d’autres, un jour stigmatisés, le lendemain célébrés.
Ca n’est sans doute pas le propos de « FidaÏ« , mais une actualité internationale du moment invite à nouveau à s’interroger sur l’ambiguïté des notions de terroristes et de héros quand pour de jeunes européens, certes souvent sans repères, le jihad apparait comme un projet.
Question de point de vue.
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