La Patrie est obscure dans ses fondements, tout autant que nos familles qui ne se disent pas tout. Petits et grands arrangements, comme le suggère Stéphane Ragot dans « Patria Obscura ». Intéressante interrogation virtuose. Liberté, Égalité, Fraternité…? Fraternité, en tout cas liberté, c’est le surf de « Lili Rose ». Premier film prometteur de Bruno Ballouard.
Patria obscura (essai documentaire) – Stéphane RAGOT (France) 1h23
Stéphane Ragot est un (très bon) photographe, adepte du format carré du 6×6 en noir et blanc celui des temps d’hier quand on ne se bombardait pas de selfies. Alors qu’il a parcouru le monde pour en rapporter des images fortes, il revient à la maison et s’interroge, enfin, sur ses racines et explore les non-dits de son histoire familiale, entre honte et gloire incertaine. Un grand-père enfant naturel, on ne parle pas de ça. Pourtant les bâtards peuvent être des héros de l’Histoire. Ragot le petit-fils qui s’interroge sur sa carte d’identité, en a une intime conviction, ce grand père en est sans doute un, il préfère ne pas la vérifier formellement. Son autre grand-père, lui c’est sûr, est un un héros, décoré par le général de Gaulle, mais pour ses faits de service pendant la trouble guerre d’Algérie.
Du particulier au général, de l’intime à la communauté, le cinéaste déplace imperceptiblement son récit de la famille à la Patrie, elle aussi obscura, Patrie si diverse dans sa composition. Honte et gloire aussi. On s’y dispute l’héritage de Jeanne d’Arc et on accueille moins qu’on expulse ces nouveaux bâtards de la République que sont les sans-papiers, pourtant descendants des tirailleurs africains dont on a oublié qu’ils sont enterrés par centaines dans des cimetières sur le sol français. « Morts pour la France« , désormais sans autre forme de reconnaissance.
La Patrie est une famille, ne dit-on pas Mère Patrie? Ses enfants ne sont pas tous du même lit, c’est la richesse de la fratrie et son obligation. Hier Pétain affichait Travail, Famille, Patrie, révisant la formule de Robespierre Liberté, Égalité, Fraternité, mais les slogans, même les plus réussis, disent toujours leur impuissance.
L’astucieux essai cinématographique de Stéphane Ragot n’est pas neutre, c’est ce qui en fait son intérêt. Allez vous y frotter!
Du particulier au général, de l’intime à la communauté, le cinéaste déplace imperceptiblement son récit de la famille à la Patrie, elle aussi obscura, Patrie si diverse dans sa composition. Honte et gloire aussi. On s’y dispute l’héritage de Jeanne d’Arc et on accueille moins qu’on expulse ces nouveaux bâtards de la République que sont les sans-papiers, pourtant descendants des tirailleurs africains dont on a oublié qu’ils sont enterrés par centaines dans des cimetières sur le sol français. « Morts pour la France« , désormais sans autre forme de reconnaissance.
La Patrie est une famille, ne dit-on pas Mère Patrie? Ses enfants ne sont pas tous du même lit, c’est la richesse de la fratrie et son obligation. Hier Pétain affichait Travail, Famille, Patrie, révisant la formule de Robespierre Liberté, Égalité, Fraternité, mais les slogans, même les plus réussis, disent toujours leur impuissance.
L’astucieux essai cinématographique de Stéphane Ragot n’est pas neutre, c’est ce qui en fait son intérêt. Allez vous y frotter!
Stéphane Ragot est l’invité de l’émission #509 en compagnie de l’écrivaine Kaoutar Harchi.
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Lili Rose – Bruno BALLOUARD (France) 1h30
Xavier, joueur de poker un peu tricheur, se prend pour un dur, c’est un faux méchant. Samir, ouvrier et vrai gentil. Tous deux sont inséparables dans leurs différences. A la suite d’une embrouille avec son futur mari, Liza se barre et se retrouve dans la voiture des deux compères. Ils roulent toute la nuit et débarquent en Bretagne. Plage, grands paysages, rencontres diverses, quelques bagarres quand Xavier veut défendre l’honneur de Liza, la douce et belle. Ambiguïté des rapports, finalement résolue dans une partie à trois cinématographiquement trop vite expédiée. La fin de la récréation est forcément sifflée, il en restera inévitablement des traces.
On se laisse aller dans ce road-movie initiatique, même s’il manque de densité et de point de vue: c’est le premier long-métrage d’un autodidacte. Mais les personnages sont bien caractérisés et Ballouard ne manque pas d’imagination pour filmer et mettre en scène. En prime, la fraîcheur du charme de Salomé Stévenin.
On se laisse aller dans ce road-movie initiatique, même s’il manque de densité et de point de vue: c’est le premier long-métrage d’un autodidacte. Mais les personnages sont bien caractérisés et Ballouard ne manque pas d’imagination pour filmer et mettre en scène. En prime, la fraîcheur du charme de Salomé Stévenin.
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