« Bethleem » (Yuval Adler), « L’expérience Blocher (J.-S. Bron)
Le conflit israélo-palestinien, toile de fond cinématographique? Quelques films l’ont déjà fait de belle manière. Avec son thriller politique, Yaval Adler contribue brillamment au genre. A l’inverse, Jean-Stéphane Bron échoue dans une tentative esthétisante de documentaire sur le droitier Christoph Blocher, un milliardaire suisse qui n’aime pas les étrangers.
Bethleem – Yuval ADLER (Israel) 1h39
Bethléem, Cisjordanie, Territoires occupés. La ville est sous administration de l’Autorité palestinienne. Nous sommes en 2005, quelques semaines après la fin de la deuxième Intifada, la tension reste vive. Depuis Jérusalem, cible d’attentats, à moins de 20 kilomètres au Nord, les services secrets israéliens organisent l’infiltration des mouvements de résistance qui restent menaçants, même s’ils sont divisés. Sanfur est pour eux une cible idéale. Adolescent désœuvré et mal dans sa peau, il cherche à se prouver qu’il existe d’autant que son frère est lui un chef respecté d’une faction armée. Razi est son agent traitant, un séducteur habile qui a vite compris qu’il pourrait le manipuler en jouant du registre paternel quand précisément son père le considère comme un bon à rien. Jusque là tout allait pour le mieux dans l’étrange relation. Mais une maladresse de Sanfur provoque un dramatique revers pour son camp. Dès lors il remet en cause son rôle d’indic tandis que Razi est contesté par sa hiérarchie. Qui l’emportera dans ce jeu pervers de qui perd gagne?
Terrain miné
Habile nouvelle façon de mettre en cinéma le conflit israélo-palestinien. Yuval Adler a du savoir-faire, il réalise un thriller d’action mieux que bien troussé. Politiquement il était en terrain miné mais il réussit à proposer une vision documentée et plutôt bien équilibrée, méchants et gentils son renvoyés dos à dos et vice versa, le film ne juge pas. « On est restés justement fidèle au point de vue de chacun. Il suffit de traiter chaque personnage avec respect et de ne pas chercher à utiliser les symboles habituels du conflit (check points, attaques suicides) et le reste suit. » Le scénario a été co-écrit avec un journaliste palestinien.
L’expérience Blocher – Jean-Stéphane BRON (Suisse) 1h40
Christoph Blocher, milliardaire suisse parti de rien, a réussi a décomplexer la droite radicale de son pays en fondant l’UDC, Union Démocratique du Centre. Union, mettons, Centre, pas vraiment, Démocratique, on verra… C’est l’UDC qui est à l’origine de l’ostraciste récent référendum instaurant des quotas d’étrangers en Hélvétie. Charmant… Si l’on en croit le documentaire de Jean-Stéphane Bron, l’homme est également charmant, rien à voir avec ses homologues éructants de notre hexagone. Pourtant on n’est pas sûr que le cinéaste ait tout vu, tout saisi, tout compris du personnage. Curieux, on n’entendra pas dans les propos du charmeur d’écho aux affiches odieuses, xénophobes, ultra-nationalistes de son parti, non, rien de méchant dans les propos recueillis, on penserait bêtement que Blocher est juste un bon gars plein de bon sens, pourtant on ne doute pas vraiment de ses humeurs brunes. Bron préfère faire son cinéma, d’ailleurs richement doté (beaux plans, grues, hélicoptères), il ne conteste pas que nombre de séquences ont été mises en scène. Peut-on lui souffler que le documentaire c’est l’exact inverse du cinéma?
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