Il a animé le long conflit qui a opposé la rédaction à la direction de la chaîne tout info. Honnêteté, rigueur, humilité sont pour lui les maîtres mots du métier de journaliste.
Il se dit passionné, voire « dépendant » de l’info. Présentateur, le direct l’enthousiasme.
Comment travaille-t-on dans une chaîne d’information continue, soumise au rythme d’une actualité qui ne s’arrête jamais? La rapidité est parfois synonyme de frustration.
Comme les 2/3 de la rédaction, il quitte iTélé après 31 jours d’un conflit dont il a été le visage et l’animateur et se dit inquiet sur une presse de plus en plus souvent liés à des intérêts économiques plutôt qu’à celui des lecteurs et téléspectateurs.
Il n’est pas inutile ici de citer un éditorial récent de notre confrère Libération concernant le bras de fer qui s’est joué sur la chaîne d’information continue i-Télé et qui donne un écho audiovisuel aux enjeux de presse écrite qu’évoque Aude Lancelin dans son livre « Le monde libre » (Les Liens qui Libèrent) et dans Des mots de minuit, L’Émission #541 du 3 novembre 2016 …
En soi, la stratégie du milliardaire, qu’on sait redoutable dans le business, est tout à fait pertinente. Le problème est qu’elle se heurte – et se heurtera toujours – à une autre logique, portée par la rédaction d’i-Télé: celle de l’information, qui présuppose l’impartialité, l’indépendance et l’absence d’intérêts économiques. Entre Bolloré et les journalistes de la chaîne, la confrontation est inévitable car leur opposition n’est pas contingente mais essentielle.
Ceux qui n’y voient qu’un problème lié à Bolloré se fourvoient. Partout dans le monde, le secteur des médias s’engage dans la voie de la «convergence». Les producteurs de contenus, qu’ils fabriquent des films, des jeux vidéo, des séries ou des informations, sont avalés par des entreprises venant d’autres industries, dont le but est d’utiliser ces affriolants appâts pour attirer de nouveaux clients. Ce week-end aux Etats-Unis, l’opérateur de télécoms AT&T a annoncé le rachat pour 85 milliards de dollars de Time Warner, propriétaire des studios Warner, du producteur-diffuseur HBO et de la chaîne d’info CNN. Propriété de SFR tout comme l’Express ou BFM TV, Libération fournit une autre illustration de ce mouvement de convergence, dont les cas vont se multiplier dans les prochains mois. Faute de garde-fous comme l’existence d’une charte rédactionnelle, la logique d’information des entités journalistiques est susceptible d’entrer en contradiction avec celle, industrielle, des vastes ensembles les accueillant. Le comportement de Bolloré à i-Télé, caricatural tant il est violent, donne un exemple extrême des risques liés au mélange des métiers et de ces logiques. La fronde au sein de la chaîne n’est donc pas anecdotique. Dans un secteur en plein bouleversement, elle donne le ton. A cet égard, le combat d’i-Télé est celui de tous les journalistes.Jérôme Lefilliâtre. Libération, 24 octobre 2016.
Jérôme Lefilliâtre. Libération, 24 octobre 2016.
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