Maurice Béjart et Raphaëlle Branche; Patricia Melo et Hans Silvester. 🎼 avec Stomp et Kalmery So #76
Des légendes, on croit tout savoir tout connaître. Maurice Béjart, flamboyant chorégraphe, n’échappe pas à la règle. Mais rarement, le rideau de fumée se dissipe un peu, et laisse entrevoir, derrière l’artiste mondialement connu, un homme sensible, complexe et ambigu, fragile jusqu’à l’incandescence. Confidences. Face à ce feu, la raison implacable et précise de l’historienne Raphaëlle Branche. Forcément radical métis et réjouissant !
Des mots de minuit, émission du 26 septembre 2001.
Avec:
- Le chorégraphe Maurice Béjart (1927-2007)
- L’historienne Raphaëlle Branche
et - Le photographe Hans Silvester
- L’ écrivaine brésilienne Patrícia Melo
Musique:
- So Kalmery chante Isfet.
- Stomp
MANIÈRES DE VOIR :
Maurice Béjart (1927-2007) signe La mort subite, journal intime. Béjart rend hommage à son père qui lui a tout appris et à qui il dit tout devoir. Il explique que les religions n’ont pas vraiment de différences et parle de sa philosophie. Il revient sur son travail qu’il veut accessible au plus grand nombre et se décrit comme un voyageur, il se sent bien partout sauf chez lui. Il évoque les attentats du 11 septembre et l’intégrisme islamiste et revient sur son dernier ballet Lumière dans lequel il est question de la chanteuse Barbara, de Bach et de Brel.
Lorsqu’on arrive dans un pays on se dit, oh mon dieu! comme ils sont différents. Et après un moment, on se dit, oh comme ils nous ressemblent! C’est pareil pour les religions, Les religions se battent pour quoi? Les ressemblances sont plus importantes que les différences, ces différences pour lesquelles les hommes se battent et font des choses abominables. J’arrive dans un pays, je pense, mange et vit comme eux, et je me sens bien car je suis proche d’eux. Je suis partout bien, même si je ne suis nulle part chez moi.
Maurice Béjart. Des mots de minuit, 2001.
Raphaëlle Branche est historienne et/ou citoyenne quand elle commente l’attitude des hommes politiques qui peinent encore à reconnaître l’usage généralisé par l’armée française de la torture en Algérie. Elle revient sur ce système de la torture, prétendu outil de pacification. De fait, un élément systémique de la guerre. Elle insiste sur l’importance des mots et du sens dans lequel on les emploie. Elle évoque le silence entourant la pratique de la torture. Cette guerre était un moyen de continuer la colonisation.
La torture est un élément essentiel de la guerre d’Algérie. On ne peut pas comprendre la guerre d’Algérie, sans prendre en compte la torture. Il y a une organisation de la torture, une mise en place, une hiérarchie. En arrivant en Algérie, la France apporte un système de pensée qui lui sert à coloniser ce pays. Cette mise en place porte en elle les germes d’une certaine violence. Et ça peut se retransformer en violence physique. On ne peut isoler la torture, il faut, pour comprendre, penser tout le terreau colonial.
Raphaëlle Branche. Des mots de minuit, 2001.
ÉTEIGNEZ VOS PORTABLES : ACTUALITÉ CULTURELLE
Patrícia Melo est une écrivaine brésilienne, notamment auteure de polar. Son dernier ouvrage traduit a pour titre Enfer. Elle évoque sa façon d’écrire et son style littéraire.
J’ai passé toute mon enfance auprès des livres. Ceux de James Caan, Chandler ou Dostoïevski. En même temps, quand j’ai commencé ma carrière de scénariste, j’ai été tout de suite vraiment préoccupée par la question des rythmes narratifs et du langage de la rue. J’ai apporté tout ça dans ma manière d’écrire.
Patricia Melo. Des mots de minuit, 2001.
Hans Silvester, photographe et militant écologiste publie un livre de photographies Les filles de Mirabai. Il explique que pour lui, toutes les images qu’on utilise sont faussées à un niveau ou un autre. Son livre précèdent était consacré à l’eau.
Quand j’ai découvert qu’au Rajasthan il y avait ces gens vivant comme il y a deux mille ans, capables dans leur village de réaliser des dessins aussi libres, j’ai voulu aller voir. Moi, je vis dans un hameau, et j’ai voulu voir comment ces gens-là vivaient, et cela s’est fait petit à petit, en plusieurs fois. J’ai commencé par créer du lien, j’ai mangé avec eux, j’ai passé du temps, c’est comme ça que ça marche.
Hans Silvester. Des mots de minuit, 2001.
MUSIQUE :
Stomp est une troupe de huit artistes musiciens créée à Brighton en 1991 par Steve McNicholas et Luke Cresswell. Leur spectacle est fait d’un jeu instrumental chorégraphié qui utilise des objets du quotidien.
So Kalmery , chanteur d’origine zaïroise interprète Isfet
Des mots de minuit #76
Réalisation: Jean François Gauthier
Rédaction en chef : Rémy Roche
Production: Thérèse Lombard et Philippe Lefait
© Desmotsdeminuit/France2
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