Les Carnets d’ailleurs de Marco & Paula #147: La raison du.de la plus fort.e
De retour en Europe, Paula redécouvre les subtilités et les méandres du discours moderne, qui ne sait plus comment se tourner ou se détourner pour ne pas heurter les sensibilités diverses et adverses. Pendant ce temps en Afrique, on repasse les seins …
Très diplomatiquement, je nuance que cela dépend du contexte. In petto, je pense que si les femmes africaines étaient si fortes, cela ferait belle lurette qu’elles auraient balayé le patriarcat, modifié les codes de la famille et occupé les postes de décision. Ça se saurait !
C’est un poncif du développement que de miser sur les femmes car elles sont plus fortes – avec le sous-entendu politiquement incorrect que les femmes ont tendance à moins dilapider leur pécule et donc, par ricochet, l’aide publique au développement. Je me garde bien de reprendre à mon compte ce genre de propos, car mon penchant pour le « gender equality » me fait voir autant de ras du bulbe chez les uns que chez les unes.
Dans la catégorie “les femmes ne valent pas mieux que les hommes” je viens de découvrir, atterrée, un témoignage dans Causette, mon magazine féministe préféré, sur ces mères d’adolescentes au Cameroun qui « repassent les seins » de leur fille – en fait les écrase – sous prétexte qu’ils pousseraient trop tôt. Avec, en sous-texte, l’idée que l’enfant pourrait alors ne plus grandir, ou, a contrario, devenir un objet de convoitise et pourrait « se » détourner de l’école. Je pensais avoir déjà été confrontée – plus ou moins directement – à une belle variété de turpitudes pour lesquelles les crétins et les crétines arrivent toujours à trouver une excuse (souvent culturelle), mais là, je cherche vainement une justification.
La bonne nouvelle est que des associations locales ont engagé le combat pour faire abandonner cette pratique. Comme quoi, il existe aussi de belles personnes chez les uns.es et les autres.
Cette dernière phrase intègre ma découverte toute récente de l’écriture inclusive. Le terme « inclusif » me tape particulièrement sur les nerfs depuis qu’il a quitté les champs mathématiques et linguistiques pour les joutes sur l’égalité femmes-hommes. J’ai découvert l’écriture inclusive dans la phrase suivante: « on continue, bien sûr, à se bisouiller entre époux.ses, mais également entre seigneurs, vassales.aux, chevaliers, confrères.sœurs ou religieux.ses […] ». J’ai dû relire deux fois la phrase avant de réaliser la raison de mon incompréhension: il manquait « seigneuses » et « chevalières ».
Apparemment, le débat sur l’écriture inclusive est ouvert depuis la parution récente d’un manuel d’histoire, mais je n’en avais pas entendu parler car j’étais alors en Côte d’Ivoire où ce genre d’argumentation n’a pas encore pris souche. Je me demande d’ailleurs comment on voit cette question dans les cercles de la francophonie.
Le style fluide va devenir une rareté et je n’envie pas les dyslexiques ou les apprenants du français-langue-étrangère. Je lutte au quotidien pour l’égalité femmes-hommes mais là, je ne suis pas convaincue par cette ré-forme.
Je préfère une approche plus souple pour une communication non sexiste à l’image de celle de la Banque Africaine de Développement. L’institution suggère dans son guide de rédaction que « la vieille règle française voulant que le masculin englobe le féminin ne s’applique pas dans les communications du Groupe ». Aussi, elle encourage les rédacteurs à privilégier les noms collectifs ou les termes génériques ou encore le pluriel qui serait « jusqu’ici accepté comme neutre (exemple: les employés; les dirigeants; les gens d’affaires; les candidats) ». Là, je sens clairement que le.la rédacteur.trice a hésité, cette histoire de pluriel neutre ressemble furieusement à du masculin englobant !
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