« Je ne peux pas payer pour être lu! » : Richard Morgiève, avec Éric Lascascade, Philippe Fénelon, Rachid Koraïchi et La Grande Sophie pour la musique #375.
Quand la question de la troupe est centrale dans le théâtre que le comédien metteur et en scène incarne; quand un compositeur de musique classique fait de la bonne relecture pour sa dramaturgie; quand les brûlantes et nombreuses fêlures de l’enfance infusent dans le texte; quand le plasticien et le poète militent et cuisinent; quand La Grande Sophie se demande quand reviendras-tu?: c’est Des mots de minuit …
Rédaction en chef : Rémy Roche
Production : Thérèse Lombard et Philippe Lefait
Ce n’est ni une volonté, ni une obligation économique parce que c’est lourd à monter un spectacle à 14 comédiens. C’est un défi à la fois artistique et économique… C’est cela la tradition du théâtre de troupe, du collectif où on invente la vie entre quatre murs obscurs d’une salle et donc en essayant de trouver des façons de vivre ensemble, relations de pouvoir, de fraternité, d’égalité… Une tradition venue de Dullin, de Copeau, de Vitez, de Vilar ou de Mouchkine. C’est la base de notre théâtre public. Être metteur en scène et acteur. Je fais avec!
Éric Lacascade. DMDM, 2010.
À travers ce texte immense -le « Faust » de Nicolas Lenau-, j’ai conduit mon propre itinéraire, une dramaturgie qui est, en fait, un cheminement de lecture. En choisissant des textes fondateurs comme celui-là, c’est toujours de donner un angle de lecture dont il est question!
Philippe Fénelon. DMDM, 2010.
Le compositeur qui a débuté à l’âge de 8 ans sa formation musicale évoque le spectacle « Faust » donné à l’Opéra Garnier et son livre « Histoires d’Opéras ».
« L’objet qui le prolonge… »: une pierre qui a appartenu à René Char qui l’a dessinée et datée. Elle est posée sur une étagère de la cuisine où il l’a tous les matins à l’oeil quand il prépare son café.
C’est central dans mon histoire de famille. Je m’appelle Morgiève, mor, or, orgie, ève et tous les autres signifiants qu’on peut y entendre -et je n’ai pas fait de psychanalyse-! Mon nom d’origine était Morgievitch. Je suis devenu Morgiève à trois ans, en 1953. Papa n’avait pas envie de dire qu’il était polonais, voire juif polonais. C’était pas à la mode à l’époque et la notion de patronyme, en fait, ça m’a rendu fou. Je suis le premier à être Morgiève. Je suis le père de moi-même. Outre que j’ai tué mon père quand il s’est suicidé, je l’ai « retué » en portant en premier ce nom…
Richard Morgiève. DMDM, 2010.
L’écrivain et scénariste, a d’abord publié un recueil de poésie à compte d’auteur avant d’estimer qu’il ne pouvait pas payer pour être lu. Pendant dix ans, il a donc enchaîné les petits métiers avant qu’un éditeur le remarque. Son histoire familiale est douloureuse (ses parents sont morts de maladie ou par suicide) et son patronyme a été réécrit. Dans son actualité, la publication du livre « Mouton ».
« L’objet… »: une plaque de métal d’identité qu’il devait porter quand il travaillait comme « débarasseur de caves » et qui renseignait, associée à une fiche anthropomètrique, son identité et sur laquelle un fonctionnaire avait inversé les signes particuliers: « front marron, yeux dégagés » au lieu de « front dégagé, yeux marrons ».
Ce travail est un chemin que j’ai parcouru avec Mahmoud Darvich dans les années 80. À l’époque, pour lui, c’était déjà un exil dans l’exil après un clash à Beyrouth avec Arafat. Il avait quitté le Liban pour Tunis… On se voyait beaucoup… Il était très bon cuisinier… Et puis, exil pour exil, d’Algérie ou du Liban, nous nous sommes dit: « Faisons quelque chose ensemble! »
Rachid Koraïchi. DMDM, 2010.
L’artiste plasticien algérien pour son livre « Une nation en exil ».
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