Anna Karina (1940-2019) avec Baptiste Trotignon, Erna Ómarsdóttir, Nan Aurousseau; le groupe Poni Hoax #337
L’aventure c’est l’aventure! Celle de la comédienne qui va croiser Godard et finir par trouver ce qu’elle veut faire; celle du musicien aux longs doigts que l’amour des musiques latino-américaines va conduire au jazz; celle d’une petite islandaise qui ira en Belgique trouver sa raison de faire de la danse contemporaine; celle du voyou devenu romancier marqué par la culture des gens du voyage…
Émission N°337 du 4 mars 2009
Réalisation: Guy Saguez
Rédaction en chef : Rémy Roche
Production: Thérèse Lombard et Philippe Lefait
© Desmotsdeminuit/France2
Avec la comédienne Anna Karina
Le pianiste Baptiste Trotignon
La danseuse Erna Ómarsdóttir
L’écrivain Nan Aurousseau
- CONVERSATION :
- – Anna Karina dont la carrière fait l’objet d’une rétrospective intitulée « Week end avec Anna » à la Valette du Var et à Eyguières. Elle revient sur son parcours professionnel, sa rencontre avec Coco Chanel, son rôle au sein du mouvement cinématographique de La Nouvelle Vague avec notamment ses personnages dans les films de Jean-Luc Godard et de Jacques Rivette, sa carrière de réalisatrice et son goût pour le chant et son travail d’écrivain.
Réaliser!? J’avais déjà fait pas mal de films déjà. À un moment, on a envie de faire quelque chose à soi, et, à cette époque-là, ça ne faisait pas trop parce qu’une femme! Une comédienne! Ce n’était pas forcément bien vu de passer derrière la caméra. Bien sûr, il y avait Agnès Varda mais, elle n’était pas comédienne! À l’époque, on me disait: « Elle veut réaliser un film. De quoi se mêle-t’elle? »
Anna Karina. Des mots de minuit, 2009.La célèbre réplique « Qu’est-ce que je peux faire? … » est tiré du Film de Godard « Pierrot le fou » (1965). Elle y joue aux côtés de Jean-Paul Belmondo et le film fut interdit au moins de 18 ans pour « anarchisme intellectuel et moral »
« L’objet qui la prolonge… » Une photo de son grand-père qui lui faisait gentiment peur en l’emmenant faire des tours sur sa moto rafistolée dont il lâchait le guidon en levant les bras et en hurlant: « Le monde nous appartient! »
Portrait du grand-père d’Anna Karina – Le pianiste Baptiste Trotignon signe l’album Share. Il revient notamment sur l’universalité du langage musical partagé par les musiciens de jazz, son parcours professionnel et ses influences et ses différentes collaborations musicales.
Bach, Les Who, Herbie Hancock: j’aime beaucoup ces trois références. Bach fait partie des bases de la civilisation. C’est Cioran qui dit, je crois: « Dieu lui doit beaucoup! »… Les deux premiers disques que j’ai écoutés quand j’étais adolescent -ils faisaient partie des disques de mes parents- c’était, sans référence intellectuelle ou culturelle à cet âge, c’est « l’offrande musicale » de Bach et « Abbey road ». Le jazz est venu un peu après. Aujourd’hui mes longs doigts font toujours du classique, pas forcément de façon publique, mais le jazz s’est immiscé à l’écoute des musiques afro-américaines avec ce qu’elles ont de chaleureux, de vibrant et dont je suis tombé amoureux.
Baptiste Trotignon. Des mots de minuit, 2009.
« L’objet… » Un coupe-ongles, instrument « vital » pour un pianiste.
– La danseuse et chorégraphe Erna Ómarsdóttir -elle est islandaise et réside en Belgique- parle de l’usage qu’elle fait du cri dans ses spectacles. Elle revient sur son parcours professionnel, ses études de danse à Bruxelles (Belgique) et sa manière de travailler, évoque son spectacle Teach us to outgrow our madness qui met en exergue le type de relations que les femmes peuvent avoir entre elles.
Le projet de spectacle pour spectacle pour le Festival des antipodes -parler des relations entre femmes- est né d’un désir… J’avais réalisé une chorégraphie pour un choeur de femmes mais ce n’était pas mon spectacle. C’était donc intéressant mais frustrant parce que je ne pouvais pas faire tout ce que je voulais. J’avais cette idée de travailler sur la transe à partir des relations de proximité entre femmes dans les fratries ou dans la polygamie. Je voulais aussi parler de leur présence dans les sectes, dans la religion ou la sorcellerie… des bouleversements hormonaux de l’adolescence ou de la ménopause.
Erna Ómarsdóttir. Des mots de minuit, 2009.
« L’objet… » Un blouson « élégant » offert par un ami. Ce vêtement est emporté dans chacun de ses déplacements. Elle dit qu’il la protège (« Un effet de gant! »).
– Quant à Nan Aurousseau, il est devenu écrivain après une case prison, une fraternité tzigane et une admiration pour Jean-Patrick Manchette… Il revient sur son livre Le ciel sur la tête (Stock), sur les différentes étapes de son parcours qui l’ont conduit à écrire.
La rencontre avec les voyageurs, avec les Manouches de la Porte de Montreuil à Paris, a été fondatrice. Je suis parti avec eux -les gens du voyage le sont aussi psychologiquement- dans une sorte de rêve, de récit étrange pour ma vie. Bien sûr, on était des voyous mais c’est parti de là, alors que j’étais un français de père beauceron et ouvrier, de mère parisienne…. À 18 ans, j’ai braqué des PMU et j’ai écopé de 7 ans de prison. À la fin de ma peine, en semi-liberté, j’ai appris le métier de chauffagiste avant de commencer à écrire… Mais je n’ai pas voulu que mes années de prison soit mon seul fond de commerce littéraire!
Nan Aurousseau. Des mots de minuit, 2009
– Baptiste Trottignon interprète Blue et Dexter.
– Le groupe de rock belge Poni Hoax, avec Erna Ómarsdottir: Chloroforme…
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