Élisabeth Badinter et Brigitte Fontaine, doubles dames! Desmotsdeminuit #19
L’une est intellectuelle et riche. L’autre, virtuose et facétieuse. Quel dialogue! Elles prennent le temps de se jauger ou de s’apprécier. L’une cache derrière un bel art de la grimace et de la dérision une sensibilité à fleur de peau. L’autre dispose d’une belle ingénierie cérébrale qui lui donne des clefs de compréhension d’une société qui l’a faite héritière mais dont elle n’est pas dupe …
Des mots deminuit
Émission N°19 du 9 février 2000
Réalisateur : Pierre Desfons
Rédaction en chef : Rémy Roche
Production : Thérèse Lombard et Philippe Lefait
Manières de voir :
– Elisabeth Badinter signe en 2000 « les passions intellectuelles, désirs de gloire, 1735-1751 », premier tome d’un travail de 7 ans, dans lequel elle questionne l’utilisation de l’opinion publique au 18ème siècle, époque au cours de laquelle naît le désir de gloire. Alors que fleurissent l’athéisme et le matérialisme, on ne croit plus beaucoup à la vie après la mort. Les honneurs, la gloire et l’argent plutôt que Dieu!
Elle compare ce 18ème siècle et le nôtre : « ma génération, après Marx est un peu orpheline. Elle n’a pas eu la capacité de refonder une philosophie, de recrééer des concepts… Nous sommes assez médiocres, qu’allons nous laisser qui pourrait traverser les siècles? ».
Elle évoque également sa présidence du conseil de surveillance de Publicis –un héritage familial- et admet qu’un cours de bourse totalement virtuel surmultiplie la possession de quelques-uns alors que d’autres survivent à peine. « On est hors de la dimension humaine, cela pourrait finir très mal! »
– Brigitte Fontaine, à l’époque, a déjà signé 13 albums, 6 romans et 2 pièces de théâtre… Bref, 30 ans de chansons! Elle reconnaît une peur terrible de la mort qui s’estompe avec le temps. Bien que le passage doive être d’une violence extrême, elle affirme mieux sentir la fusion entre la vie et la mort et ne s’octroie pas le droit de dire qu’il n’y a rien après la camarde.
Elle aurait aimer jouer Shakespeare et notamment Lady Macbeth; se dit capable de tout assumer : comédie et tragédie. Elle n’aime pas le passé qu’elle trouve « crasseux », mais la minute présente ou à venir, les choses qui avancent. Bien qu’elle n’accepte aucune filiation elle tolère celle de Rimbaud.
« Eteignez vos portables! »
– Dominique Simonet (L’Express) pour le livre Variations sur la création » de Jean Bernard et Brigitte Donnay Texte qui illustre une réconciliation possible entre les arts et lettres et les sciences.
Musique :
– Lou : « L’amour vide » de l’album au titre éponyme.
– Brigitte Fontaine : « La symphonie pastorale »…
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