DMDM #384: « Je trouve que la mort est un sujet passionnant! » Sigolène Prébois
La mère qui interdit le théâtre et finit par céder, la mère qui autorise la danse, celle dont la mort fait dessins. La culture qui enferme avant de se libérer au dehors. Apprendre la parole vraie sur scène en passant par le Rwanda. Vivre en sachant les angles morts. Toutes ces choses brouillonnes qui passent par la tête et qui nourrissent le désir de la scène, de la rue, du corps et du livre…
Je voulais faire du théâtre. J’étais d’une famille bourgeoise. Mon père voulait. Mon grand-père aussi… Ma maman, pas! C’était quand-même les années 60. J’étais jeune. J’ai fait une grève de la faim et, au bout de huit jours, maman a cédé. « D’accord, on t’accompagne à Paris et tu vas essayer de faire du théâtre. » C’est comme ça que j’ai gagné… J’ai été tenace. Je l’ai faite jusqu’au bout. Ma ténacité a payé!
Andréa Ferréol. DMDM, 2010.
La comédienne, pour la pièce de théâtre « RER » de Jean-Marie Besset inspirée de l’histoire de Marie-Léonie Leblanc qui affirmait, à tort, y avoir été agressée par six jeunes en 2004. Dans son actualité également, les « Flâneries d’art contemporain.. « d’Aix en Provence qui sont proposées en été dans les jardins publics de la ville.
Son objet: un CD de Cécilia Bartoli parce qu’elle a découvert l’opéra à Aix, petite. Parce qu’elle rêvait d’être chanteuse…
Quand je fais travailler mes élèves sur le Rwanda, c’est ma volonté de sensibiliser les jeunes à la parole au théâtre. Si on monte sur une scène, qu’a-t-on à y dire, vraiment? Placer des jeunes Français dans les propos de jeunes génocidaires, c’est leur donner une responsabilité au plateau… et leur faire prendre conscience que la parole a un but et un ancrage… Je voulais balayer « le Molière » qu’on peut faire d’habitude en spectacle de fin d’année.
David Lejard-Ruffet. DMDM, 2010.
Le metteur en scène de la pièce de théâtre « Alpenstock » de Rémi de Vos évoque notamment sa conception politique du théâtre.
« L’objet qui le prolonge »: un livre, « un objet simple ». « Le jeu verbal » de Michel Bernardy dans lequel sont évoqués la protase et l’apodose…
Ça raconte la mort de ma mère, l’agonie, la fin, jour après jour… J’ai commencé à faire du dessin il y a une vingtaine d’années, à la Spiegelman, sans même le connaître. J’ai dessiné mon frère en ornithorynque, mon associée en ours et moi en écureuil… Il faut connaître les gens de longue date. À un moment, il y a un truc qui sort. Vous ne trouvez pas que j’ai une ressemblance avec un écureuil?
Sigolène Prébois. DMDM, 2010.
La designer et écrivaine publie une BD, « Version live » centré sur le décès de sa mère et dit sa manière de dessiner et d’écrire, de concevoir des objets de la vie quotidienne, en collaboration avec Catherine Levy.
« L’objet… »: un tampon trouvé par terre dans un atelier d’artiste.
La question, c’est comment faire pour vivre en sachant ce que l’on sait et en voyant ce que l’on voit. Je me suis rendu compte que, dans mon réflexe de survie, je mettais dans mon angle mort certaines choses que je préférais ne pas voir parce que c’était trop difficile, trop souffrant… On passe une bonne partie de la pièce avec des sacs en papier sur la tête à essayer de vivre, à essayer d’être…
Haïti: je dois honorer cet espace de receuillement où je peux savoir qu’y habitent des gens qui ont la noblesse de vivre dans ces conditions-là!Mélanie Demers. DMDM, 2010.
La chorégraphe présente sa création « Junkyard Paradis », revient sur son parcours, sur ses influences. Elle explique sa collaboration avec sa consoeur Laïla Diallo autour de la pièce « Sauver sa peau ou sens of self », évoque sa compagnie, MAY DAY, et sa première composition « Les angles morts ».
« L’objet… » Il est sans matérialité sur le plateau. Elle évoque le symbole que représente une valise. Elle est, grande voyageuse, toujours à chercher le bagage qui va la rendre « légère, supersonique »…
Au départ, c’est l’esprit de la fête. Je suis un pur produit de l’éducation populaire. J’ai tout le cursus du môme qui va en colo, devient animateur… et puis qui s’intéresse à un moment donné à l’animation des villes. Donc, je rentre dans les structures culturelles. J’y travaille, j’y apprends beaucoup. Et puis, je m’ennuie. je n’oppose pourtant pas les pratiques mais j’avais l’impression, en faisant dedans, de toujours faire la même chose. J’avais l’impression qu’en France, on pouvait dire: « Dis-moi ce que tu montes et je te dirais pour qui tu joues! » L’impression que la culture en France est très étiquetée. Un jour, j’ai rencontré le peintre et plasticien Enrique Jimenez. Il avait envie de sortir du cadre et nous avons donc décidé de travailler dehors… En rue, nous sommes obligés d’inventer nos propres outils…
Sinon, sur nos plaques de voitures, on a mis 93, un département où il se passe des choses uniques, où il fait très bon vivre!
Jean-Raymond Jacob. DMDM, 2010.
Le metteur en scène, Jean-Raymond Jacob, pour « La caravane de verre au pays d’Emile Gallé ». Sa compagnie Oposito est tournée vers le théâtre de rue.
« L’objet… »: des miniatures de poupée de parade sud-africaines dont les originales font cinq mètres de haut et cachent sous leur robe une cinquantaines d’enfants danseurs zoulous à l’occasion des cérémonies des All-Africa games.
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