DMDM #383: « La démocratie exige parfois du temps et de la maturité » Rithy Panh

Je connais exactement ma valeur. J’ai un rapport assez normal avec l’argent. C’est lié à mon père. C’est un homme qui se levait à 5H du matin, qui rentrait à 7H le soir et qui gagnait, à l’époque, 5000 francs par mois pour nourrir tous ses enfants. Et qui n’était pas heureux parce qu’il avait une vie difficile. J’ai un rapport à l’argent… Je ne suis pas quelqu’un qui le gâche. Pas non plus radin, ni craintif de peur de ne pas en avoir. Je sais ce que je dépense mais je ne suis pas dans un truc à outrance. Claquer me semble indécent et ce qui est formidable dans ma situation sociale actuelle c’est que j’ai gardé un pied dans mon milieu social d’origine et que j’ai un pied dans ce monde relativement luxueux… On sait ce que les autres n’ont pas… Dans ma famille, je suis obligée de dire que j’en suis une enfant comme les autres. Tout est souvent rapporté à une image d’actrice alors que j’y suis Sandrine.

Sandrine Bonnaire. DMDM, 2010.

La comédienne pour un livre d’entretiens (« Le soleil me trace la route ») qui retrace son parcours professionnel et personnel.

 

Avec elle, comme objet, la chaussure de sa grande fille -elle en a deux. « Le symbole de ce qu’on va être plus tard. faire en sorte que les enfants soient bien dans leurs pompes! »

Non, je ne le pardonne pas. Peut-être à celui qui, à l’époque était un gamin… Mais, on n’est pas là pour ça: instaurer le pardon. Ma génération est fichue à mon avis. Ce qu’on essaye de faire maintenant c’est que les générations suivantes comprennent bien ce qui s’est passé. Déjà essayer d’expliquer qu’il n’y a jamais d’explication définitive!

Rithy Panh. DMDM, 2010.

 

Sandrine Bonnaire et le cinéaste sont les parrains de l’opération « Les cinémas du monde 2010 » qui propose à des cinéastes venant de pays défavorisés de trouver des producteurs.
Rithy Panh fait également le point sur la situation politique au Cambodge -le génocide a fait, entre 1975 et 1979, deux millions de morts estimés sur une population de 7,5 millions d’habitants

– et évoque la réalisation du film « S 21, la machine de mort khmère rouge ».

Le cinéma est très important. C’est une nouvelle expression des peuples et il n’y a pas que 12 peuples au monde. Il y en a 6000. J’attends donc le film aborigène, j’attends donc le film dogon, j’attends donc le film inuit. J’attends donc ces films-là avec leur sincérité. Avant, ils n’avaient pas les moyens techniques . Aujourd’hui, ils ont les outils et peuvent essayer.
– Rithy Panh: Oui mais, un instituteur au Cambodge gagne 50 dollars par mois!
– Oui, tu as raison!… En fait, je voudrais abandonner la peinture pour le cinéma.

Ben. DMDM, 2010.

 

« L’objet qui le prolonge »: un camescope équipé de la fonction « Anti Ground Shooting » qui permet de ne n’enregistrer que doigt appuyé sur le bouton, en quelque sorte, comme dans la conduite des trains, un « système de l’homme mort » .

Je vis le monde comme ça, comme des fragments qui se rencontrent par hasard ou pas, qui donnent une suite ou pas. Je ne vois aucune cohérence à rien. J’écris aussi comme ça: des séquences, des fragments qui sont superposés d’une façon inhabituelle, qui juxtaposent des choses qui ne sont pas faites pour être ensemble et qui se retrouvent dans la même mesure de musique… Volà ce qui m’intéresse!

Georges Aperghis. DMDM, 2010

 

Le musicien, pour son oeuvre « Les Boulingrin » (2010), commande de l’État et de l’Opéra Comique, sur une pièce de Courteline créé en mai 2010 à l’Opéra Comique.

 

Le musicien a, « comme objet qui le prolonge », une graine, toujours à côté de lui lorsqu’il écrit.  

 

Wenta…