Pierre Michon📚 Laurent Pelly, Etgar Keret et Hélène Castel (Ma motivation: traverser les murs des prisons!) 🎼 avec Alela Diane #344
Quand il s’agit pour une femme qui a perdu pendant 20 ans son identité d’écrire l’incertitude et de réconcilier par les mots deux moments de sa vie; pour l’auteur des « Vies minuscules » de chercher toujours plus avant le juste mot; pour le metteur en scène de conjuguer l’opéra et le théâtre; pour le nouvelliste israélien de sublimer les bêtises que disent les gens, pour la chanteuse d’être folk
Des mots de minuit : émission n°344 du 22 avril 2009
Réalisation : Guy Saguez
Rédaction en chef : Rémy Roche
Production : Thérèse Lombard et Philippe Lefait
©desmotsdeminuit.fr/France2 CONVERSATION :
La littérature dit ce que les gens disent. Je ne pense pas que la littérature ait une fonction spécifique et les gens disent beaucoup de choses. Une grande partie de ce qu’ils disent: des bêtises comme une partie de ce que dit la littérature. Des bêtises enchanteresses et merveilleuses parfois. Mettre une responsabilité sur la littérature me semble être une erreur. Pour mon fils de trois ans, je ne veux pas de livres qui aient la fonction d’apprendre la propreté ou le bien parler aux parents. Pour moi, ce serait déshonorer le littérature parce que celle-ci doit capturer quelque chose de l’humain et toucher à ce qui est indicible, à ce qui n’a pas de nom.
Etgar Keret. DMDM, 2009.
Il est israélien, écrivain, auteur de BD et cinéaste. Il est l’auteur de « Le sens de la vie pour 9$99 »
« L’objet qui le prolonge… » Un inhalateur de Ventoline, facile à transporter. Il est né asthmatique. Il ajoute qu’accessoirement ça peut faire fuir un agresseur.
L’opéra et le théâtre? L’un nourrit l’autre continuellement et je ne pourrais pas faire d’opéra sans faire de théâtre. En revanche, je pourrais faire du théâtre sans faire de l’opéra qui est une chose tellement contraignante qu’on a besoin grâce au théâtre d’être plus léger, plus libre… Je travaille très près des chanteurs. Donc, je fais de la direction d’acteurs extrêmement en complicité. La grosse différence entre l’opéra et le théâtre, c’est la temporalité. Un chanteur qui doit répéter 14 fois et qui a à inventer théâtralement et dramaturgiquement c’est très différent d’un acteur qui a à disposition un texte dramatique écrit d’un seul jet. Dans cette temporalité autre, il faut inventer.
Laurent Pelly. DMDM, 2009.
Le metteur en scène d’opéra et de théâtre pour « Talking Heads » au Théâtre du Rond Point.
Il n’a pas dobjet : « Je n’aime pas les grigris! »
Ce mélange de lyrique, d’épique -de sublime- et d’ironique est toujours quelque part dans mes livres. Dans « Les onze », les nombreux développements que j’ai mis portent sur l’une de ses causes évidentes qui est l’humiliation sociale. Elle prend souvent, Marx et Freud ne sont jamais loin, des formes de revendications sadiques et sexuelles…
Quand j’écris, je pâtis. Je suis un être de souffrance quand je passe autant de temps à trouver une sorte de beauté littéraire.Pierre Michon. DMDM, 2009.
L’écrivain pour « Les onze », portrait collectif imaginé sous forme de tableau des années révolutionnaires, portrait « d’hommes, dans cette époque où les tableaux étaient faits de vertus »
« L’objet… » C’est un jouet trouvé dans un magasin pendant l’écriture de ce livre. Il est « made in China » et représente le Cardinal de Richelieu au siège de la Rochelle. Une incarnation du pouvoir.
L’écriture, ça a été comme un liant, comme une manière de trouver des chemins entre des espaces différents. Ce que j’ai voulu partager dans cette écriture, c’est le fait que celle-ci n’a pu être libératrice que parce que j’ai eu aussi l’usage de la parole et que j’ai pu me défendre devant un juge à un procès, de me défendre avec mes mots. Je pense que l’un des parcours les plus difficiles de la prison, c’est de découvrir le moyen de s’en sortir avec la parole. La question de la parole possible en prison est centrale, comme celle de la difficultés pour les détenus sans moyens intellectuels de retrouver une parole libératrice quand ils ont à s’expliquer devant un avocat, un juge, un psychologue. C’est un rallye infernal!
Hélène Caste. DMDM, 2009.
Psychothérapeute et écrivaine pour « Retour d’exil d’une femme recherchée ». À 20 ans, en 1980, la fille de Robert Castel, participe à un braquage de banque. Elle fuira au Mexique et y vivra pendant vingt ans sous une fausse identité avant d’être arrêtée pour être finalement jugée en France. Elle reprend alors son patronyme originel.
« L’objet… » Offert par une amie, ce châle l’a accompagnée notamment pendant son procès. « Un refuge! »
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