Pierre Pachet 📚 Annie Ernaux et Marc Marie 📷Georges Vigarello, Jean-Luc Moulène 🎼 avec Badi Assad et Andrew Bird #200
Quand il s’agit de dire comment on continue d’aimer après et grâce à celle qui a été aimée et qui n’est plus; quand le texte et l’image dialectisent le rapport amoureux et sexuel; quand la Renaissance fait gagner au corps son autonomie et sa subjectivité; quand le photographe documente les corps marchandise d’Amsterdam; Quand ça musique live, c’est DMDM…
Réalisation: Jean-François Gauthier
Rédaction en chef : Rémy Roche
Production: Thérèse Lombard et Philippe Lefait
©desmotsdeminuit.fr/France2
MANIÈRES DE VOIR :
Ma femme est tout à fait présente dans ma vie actuelle bien qu’elle soit non seulement morte mais parce que ce que je vis maintenant aurait été impossible si elle avait été vivante. Ce qui peut être choquant à dire mais j’essaye de penser que ce que je vis avec d’autres femmes est le prolongement de ce que j’ai vécu précédemment.
Pierre Pachet. DMDM, 2005.
Pour son livre « L’amour dans le temps ». Né en 1937 de parents juifs d’origine russe, Pierre Pachet a fait des études de lettres et de philosophie. Il a enseigné la philosophie grecque et la littérature française en France et à l’étranger, notamment aux Etats-unis et en Algèrie. Critique littéraire, avec Maurice Nadeau, il a également été membre du comité de rédaction de La Quinzaine littéraire, et l’un des responsables de la collection « Littérature et politique » chez Belin. Il est mort en 2016.
J’ai eu très tôt la conscience de la fugacité de la manifestation physique de la chose amoureuse. La jouissance passe aussi par les vêtements qu’on a portés, tel soir, tel jour au moment de faire l’amour. Tout est mêlé avec d’autres scènes qui se superposent et on aura une impression floue, vague, sans doute menteuse de la réalité. On a essayé de garder une trace de tout cela…
Marc Marie. DMDM, 2005.
La romancière et le photographe signent « L’usage de la photo ». Chaque cliché aboutit à deux textes : le premier de l’écrivain, le second du photographe. Chacun le décrit, rapporte ses souvenirs et ses affects sans rien savoir de ce qu’écrit l’autre. À l’époque Annie Ernaux souffre d’un cancer du sein. La première photo n’est qu’évoquée. Elle donne à voir le sexe de l’amant.
Pour moi, comme je l’écris : « ouvrir son espace d’écriture est plus violent qu’ouvrir son sexe. » Pour moi, écrire, c’est construire quelque chose. Dire édifice serait prétentieux, mais c’est comme le maçon qui monte un mur. J’ai alors l’impression que je fais quelque chose avec tout mon moi, avec tout mon corps, avec mes pensées. Et je savais que ce texte serait tout ouvert au texte de Marc. Et c’est d’une violence certaine. C’est autre chose d’ouvrir son sexe pour une femme. Je suis heureuse que nous ayons fait un texte qui éclate. Cette violence a abouti à un texte ouvert de tous les côtés, sur l’écrit, la photo, l’autre!
Annie Ernaux. DMDM, 2005.
ACTUALITE CULTURELLE :
L’historien pour « Histoire du corps 1. De la Renaissance aux Lumières » (avec Alain Corbin et Jean-Jacques Courtine). C’est le corps contemporain auquel s’attachent les auteurs de ce livre. Au delà des références sacrées, dont la Renaissance l’éloigne, c’est de son autonomie dont il est question avec l’irruption de son désir et de ses pulsions et l’émergence du sujet.
L’artiste et photographe pour son exposition au musée du Jeu de Paume centrée sur 13 portraits de prostituées : « Les filles d’Amsterdam ».
MUSIQUE:
Andrew Bird signe un troisième album : « Andrew bird and the mysterious production of the eggs ». Il en interprète « Measuring cups ».
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