Le confinement renvoie aux murs et aux lieux qui nous protègent, en principe, de la virose. Y sont accrochés ou, à l’entour, nous parlent ces objets qui font un univers personnel ou un amer. Quel est celui de celles et ceux qui, pour l’instant seulement, ne peuvent pas encore revenir sur le plateau Des mots de minuit? Voici Murmure, quelques confidences de temps incertains de ces cinéastes en herbe. Aujourd’hui Athina Boé, chanteuse et artiste multiple.
Murmure est une carte blanche vidéo proposée aux invité-e-s aujourd’hui confiné-e-s- Des mots de minuit…
Athina Boé, chanteuse de jazz, notamment…
On l’avait croisée chantante sur une petite place dans le off du festival de Marciac. Une impression forte dans sa nuance vocale entre feu et sensualité.
On prit contact avec elle pour connaître ses projets. Projets? Alors qu’elle s’était partagée entre son Gers et Paris, Athina Boé qui cherchait sa voix, surtout sa voie, décide de partir sur la route des Balkans. Un road-trip à la découvertes des racines – mais aussi de ce que certains en font – d’une musique si particulière et envoûtante. Pour Des mots de minuit, elle tiendra pendant des semaines un journal-feuilleton, joies et découvertes, déceptions et mauvaises rencontres.
Puis rentrée à Paris, la tête pleine de nouvelles envies. Avant que le confinement la boucle à la maison. D’où elle nous envoie cette mélopée enregistrée à distance avec deux compères.
Entre quatre murs
Athina Boé
Chanson sur la vie en confinement dans un immeuble en région parisienne
Dans être confiné, il y a ce sentiment d’être coupé du monde, de rester dans sa bulle. Il y a ce désir alors de suivre les annonces officielles car on sait que c’est important. On veut aussi voir comment chacun occupe son quotidien. On passe beaucoup de temps sur nos écrans, à s’envoyer des smileys et photos de nos super recettes. On écoute les rumeurs des médias et des réseaux sociaux entre deux podcasts ou deux albums retrouvés sur nos étagères poussiéreuses. Ça nous rend dingue parfois le silence, l’absence de lien social, et on s’interroge. On questionne notre monde, on cherche des réponses à ce que pourrait être le maintenant et l’après.
On a aussi les oreilles branchées sur tous les bruits que d’habitude on ne calcule même pas. La vie dans un immeuble, espace regroupant tout un tas de gens qui n’ont pas forcément de relations directes car ça va, ça vient. Quand l’un se réveille, l’autre se couche. Maintenant, on ne vit certes pas sur les mêmes rythmes mais on s’entend vivre, beaucoup plus qu’avant. On se salue chaque jour à nos fenêtres, on se demande des nouvelles, on s’échange des boutures, on offre un gâteau.
Il y a à la fois le côté très angoissant d’être enfermé et isolé que j’ai voulu exprimer à travers ce texte, car durant les premières semaines je me suis perdue dans cette sensation du vide et à la fois il y a ce que ça peut révéler de plus profond sur nos aspirations, notre force de tous être ensemble dans ce moment où l’on a du temps. Tous ensemble pour réfléchir en quelque sorte à ce qu’on veut vraiment. Le bruit sourd des tambours, c’est tout ce qu’on n’ose pas dire mais qui gronde en nous.
Quand on est en dehors du game, renvoie à la sensation d’être exclus des rôles de décisions qui appartiennent à ceux qui ont la main sur le jeu.
- Athina Boé : chant, musique, texte, arrangements
- Jad Salameh : clavier, production, arrangements, mixage
- Léo Jeannet : trompette
collectif : Pousse pousse production
Photo couverture © Alejandro Saga
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