Maître Thierry Levy (1945-2017): « Identité, c’est un mot pour la police! »
« Pour moi, la situation idéale est de défendre l’innocence de quelqu’un que je sais coupable » disait, provoquant cet avocat humaniste de l’au delà du crime. Pénaliste, exigeant et maître des mots, Thierry Lévy a été, comme Badinter ou Leclerc, un acharné de la lutte contre la peine de mort. Jeune il fut commis d’office pour défendre Claude Buffet dont l’exécution en 1972 a imprégné sa vocation
Dans cette émission de 2003 il est question du « dégoût » de la situation à ce jour inchangée qui est faite par la République française aux personnes détenues. La critique du système pénitentiaire est ce jour-là portée par le président de la section française de l’OIP, L’observatoire international des prisons, l’avocat Thierry Lévy.
Il avait prêté serment en 1969 et c’est en 1972 qu’il est commis d’office en défense de Claude Buffet finalement condamné avec Roger Bontemps à la peine de mort pour les meurtres d’un gardien et d’une infirmière dans la prison de Clairvaux. Ils furent suppliciés en novembre 1972.
Il avait prêté serment en 1969 et c’est en 1972 qu’il est commis d’office en défense de Claude Buffet finalement condamné avec Roger Bontemps à la peine de mort pour les meurtres d’un gardien et d’une infirmière dans la prison de Clairvaux. Ils furent suppliciés en novembre 1972.
« Le plus important pour moi, ça n’a pas été la peine de mort, mais la prison. »
Ce jour a fait entrer l’avocat dans une rage rentrée et citoyenne, celle d’un militant implacable de l’abolition et des conditions de détention dans les prisons qui s’inquiétait ces dernières années de la « pandémie victimaire » dans les prétoires qui déséquilibre le procès pénal au détriment de l’accusé.
« Rien ne me donne plus la nausée que cette forme de connivence entre avocats, ou entre juges et avocats, sur le dos de ceux que l’on défend »
« Rien ne me donne plus la nausée que cette forme de connivence entre avocats, ou entre juges et avocats, sur le dos de ceux que l’on défend »
Le « seigneur » ou le « sectaire » (disaient ses détracteurs) des prétoires a écrit son exigence dans une douzaine d’essais (« L’Animal judiciaire », « Justice sans Dieu », « Éloge de la barbarie judiciaire » en 2006). Dans « Lévy s’oblige » (2008), il évoque une enfance entourée par une mère avocate, un père polémiste et propriétaire de journaux éditorialisant contre Daladier et les accords de Munich et ami de Blanchot et paradoxalement de Louis-Ferdinand Céline.
« juif aux yeux des autres, les juifs et les non-juifs ».
« juif aux yeux des autres, les juifs et les non-juifs ».
Dans son histoire familiale, cette réponse du père quand le jeune Lévy lui dit qu’il a été traité de « sale juif! » au lycée: « Alors, cogne! » Ce qu’il fit symboliquement toujours dans les prétoires. On retiendra encore de sa biographie qu’il obtint l’acquitement en 1986 de Roger Knobelspiess, braqueur devenu acteur et écrivain dont toute l’œuvre est consacrée à l’univers carcéral…
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