« Veronica » de Nelly Kaprièlian: clap deuxième
Après « Le manteau de Greta Garbo », Nelly Kaprièlian signe un roman noir qui plonge le lecteur dans les arcanes de la Cité des Anges. Une odyssée au coeur du septième art dont l’esthétique doit autant à Lynch qu’à Chandler.
Mandatée à L.A. par son « prestigieux journal« , une journaliste française va pourtant tenter de faire toute la lumière sur le cas Veronica. Entreprise plus ardue qu’il n’y paraît. Veronica, Nikkie de son vrai prénom, passant son temps à travestir la vérité. Pour se protéger. Peut être pour le seul plaisir de re-écrire sa vie. »Elle mentait aux journalistes. Le département publicité de la Paramount s’en était vite aperçu. Ça avait commencé par des détails, parce que ça commence toujours ainsi…Elle mentait sur sa couleur préférée: rouge, répondait-elle à l’un, violet, à un autre. Enfin, ils réalisèrent qu’elle se faisait passer pour ce qu’elle n’était pas. Elle disait que sa famille était aristocrate, que ses ancêtres étaient anglais, qu’elle avait vécu en Suisse, qu’elle était née dans une rivière- c’est là qu’ils avaient tiqué: on ne naît pas dans une rivière ». La réalité était moins glamour. Dominée par sa mère, délaissée par ses amants, l’ange blond aura le tort de chercher du réconfort dans les bras du septième art. Comme ses consoeurs, elle finira broyée par la machine hollywoodienne. A la recherche de celle que les autres nommaient « Docteur Jekyll and Mr Hyde« , la journaliste française va pousser les portes aussi hautes que luxueuses de Beverly Hill et découvrir l’envers du décor. Alcool. Drogue. Sexe. Déchéance. La seule différence c’est que Veronica était alcoolique avant même d’avoir commencé le cinéma. On n’écrit pas impunément sur un sujet. La jolie Frenchy va en faire les frais découvrant au fil de son enquête d’étranges similitudes entre l’actrice oubliée et sa propre histoire.
Adoptant les codes des films noirs dans lesquels jouait son héroïne, Nelly Kaprièlan convie son lecteur à un voyage aussi angoissant que fascinant dans la ville du cinéma. Dans ce roman aux allures de trompe-l’œil, les époques ne cessent de se télescoper – le L.A. des années 40 et celui d’aujourd’hui – tout comme le rêve et la réalité. On y croise un ancien producteur de cinéma revenu de la tyrannie de l’image qui a fait le choix de se retirer dans un monde de livres mais aussi l’auteur de « American Psycho« . « Que voit-on quand on voit? » s’interroge à juste titre les différents protagonistes de ce roman hypnotisant qui tient autant du rêve que du cauchemar.
Elle mentait aux journalistes. Le département publicité de la Paramount s’en était vite aperçu. Ça avait commencé par des détails, parce que ça commence toujours ainsi… Elle mentait sur sa couleur préférée: rouge, répondait-elle à l’un, violet, à un autre. Enfin, ils réalisèrent qu’elle se faisait passer pour ce qu’elle n’était pas. Elle disait que sa famille était aristocrate, que ses ancêtres étaient anglais, qu’elle avait vécu en Suisse, qu’elle était née dans une rivière…
Veronica – Nelly Kaprièlian, Editions Grasset
Veronica – Nelly Kaprièlian, Editions Grasset
Veronica – Nelly Kaprièlian – Grasset – 288 pages
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