« Place Colette » de Nathalie Rheims: premières amours
Dans « Place Colette » Nathalie Rheims renoue avec la veine autobiographique qui a fait le succès de « Laissez les cendres s’envoler » et met en scène ses premières amours.
Son précédent roman explorait l’enfance privilégiée mais solitaire qui fut la sienne. Un livre émouvant autour de la figure de la mère. Dans « Place Colette » Nathalie Rheims fait la part belle à son adolescence. Que faire lorsqu’on est clouée sur un lit d’hôpital, le corps prisonnier d’une coquille de plâtre? Lire. D’autant que papa brigue un fauteuil à l’Académie Française et apporte chaque semaine à sa fille une nouvelle ration de livres. La belle en concevra un amour immodéré pour les grands auteurs en général et le théâtre en particulier. L’histoire peut alors commencer.
Quelques années plus tard la jeune fille, double littéraire de l’auteur, promène son mal être dans la propriété familiale de Saint-Florent où chacun a coutume de prendre ses quartiers d’été. Une saison redoutée pour celle qui depuis sa maladie peine à accepter son corps autant qu’à trouver sa place entre un frère amoureux et une soeur photographe. Sans compter le ballet incessant d’invités toujours plus prestigieux « engoncés dans l’adoration de leur propre image« . Tout est pour le pire dans le meilleur des mondes pour la sage jeune fille qui préfère passer ses soirées chez la gardienne que s’ennuyer dans sa cage dorée. Jusqu’au jour où se glisse parmi les invités un certain Pierre, Sociétaire de la Comédie Française.
L’acteur a plus de quarante ans, la jeune fille bientôt treize. Malgré quelques réticences le comédien aura tôt fait de succomber à cette toute jeune femme à la détermination de fer.
» J’étais mineure, il était majeur, et pourtant, c’est bien moi qui l’avait détourné« . Dans les bras de l’acteur la jeune fille en jupe plissée et socquettes blanches va résolument tourner le dos à l’enfance et à la maladie. Qu’on ne s’y méprenne pas: Si « Place Colette » prend un malin plaisir à distiller un parfum de soufre, c’est pour mieux dissimuler une véritable histoire d’amour. Qui n’est pas nécessairement celle que l’on croit.
Roman en trompe l’oeil, « Place Colette » conte en réalité une double initiation, l’acteur n’étant jamais que l’arbre qui cache la forêt peuplée de grands textes dans laquelle la jeune fille rêve de s’aventurer. Elle y parviendra sans difficulté, entrera à treize ans au cours Périmony puis à la Rue Blanche. Ensuite tout s’enchaînera très vite. Elle débutera dans le rôle de Mariane au côté de Roger Hanin dans « Le Tartuffe » puis partira en tournée avec Jean Le Poulain. Au théâtre, la jeune fille découvrira ce dont elle a été privée: la chaleur d’une famille. Au fil des rôles la jeune comédienne apprendra à s’affranchir de la sienne. Puis peu à peu de son mentor. Même si les scènes charnelles abondent, la véritable sensualité de ce roman s’écrit en réalité côté cour et le plaisir éprouvé sur les planches pourrait bien surpasser tous les autres: « Je commençais à distinguer, dans ma nouvelle aventure, toutes les nuances de cet être collectif qu’on croit indifférencié et qui peut vous porter jusqu’à l’extase : le public ».
Ainsi et contrairement aux apparences, « Place Colette » raconte une véritable histoire d’amour qui est celle de Nathalie Rheims avec… le théâtre. Emaillant son récit des vers les plus célèbres, la romancière prouve avec brio qu’elle n’a rien oublié de ses premières amours. Et les tribulations de sa fausse ingénue éclairées par les grands rôles du répertoire sont tout bonnement irrésistibles. D’Agnès à Phèdre en passant par Mariane, toutes accompagnent la jeune comédienne qui délaissera plus tard les planches pour la plume et signe ici son plus beau roman.
Quelques années plus tard la jeune fille, double littéraire de l’auteur, promène son mal être dans la propriété familiale de Saint-Florent où chacun a coutume de prendre ses quartiers d’été. Une saison redoutée pour celle qui depuis sa maladie peine à accepter son corps autant qu’à trouver sa place entre un frère amoureux et une soeur photographe. Sans compter le ballet incessant d’invités toujours plus prestigieux « engoncés dans l’adoration de leur propre image« . Tout est pour le pire dans le meilleur des mondes pour la sage jeune fille qui préfère passer ses soirées chez la gardienne que s’ennuyer dans sa cage dorée. Jusqu’au jour où se glisse parmi les invités un certain Pierre, Sociétaire de la Comédie Française.
L’acteur a plus de quarante ans, la jeune fille bientôt treize. Malgré quelques réticences le comédien aura tôt fait de succomber à cette toute jeune femme à la détermination de fer.
» J’étais mineure, il était majeur, et pourtant, c’est bien moi qui l’avait détourné« . Dans les bras de l’acteur la jeune fille en jupe plissée et socquettes blanches va résolument tourner le dos à l’enfance et à la maladie. Qu’on ne s’y méprenne pas: Si « Place Colette » prend un malin plaisir à distiller un parfum de soufre, c’est pour mieux dissimuler une véritable histoire d’amour. Qui n’est pas nécessairement celle que l’on croit.
Roman en trompe l’oeil, « Place Colette » conte en réalité une double initiation, l’acteur n’étant jamais que l’arbre qui cache la forêt peuplée de grands textes dans laquelle la jeune fille rêve de s’aventurer. Elle y parviendra sans difficulté, entrera à treize ans au cours Périmony puis à la Rue Blanche. Ensuite tout s’enchaînera très vite. Elle débutera dans le rôle de Mariane au côté de Roger Hanin dans « Le Tartuffe » puis partira en tournée avec Jean Le Poulain. Au théâtre, la jeune fille découvrira ce dont elle a été privée: la chaleur d’une famille. Au fil des rôles la jeune comédienne apprendra à s’affranchir de la sienne. Puis peu à peu de son mentor. Même si les scènes charnelles abondent, la véritable sensualité de ce roman s’écrit en réalité côté cour et le plaisir éprouvé sur les planches pourrait bien surpasser tous les autres: « Je commençais à distinguer, dans ma nouvelle aventure, toutes les nuances de cet être collectif qu’on croit indifférencié et qui peut vous porter jusqu’à l’extase : le public ».
Ainsi et contrairement aux apparences, « Place Colette » raconte une véritable histoire d’amour qui est celle de Nathalie Rheims avec… le théâtre. Emaillant son récit des vers les plus célèbres, la romancière prouve avec brio qu’elle n’a rien oublié de ses premières amours. Et les tribulations de sa fausse ingénue éclairées par les grands rôles du répertoire sont tout bonnement irrésistibles. D’Agnès à Phèdre en passant par Mariane, toutes accompagnent la jeune comédienne qui délaissera plus tard les planches pour la plume et signe ici son plus beau roman.
Place Colette – Nathalie Rheims – Editions Léo Sheer – 320 pages
Les lectures d’Alexandra
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