« L’oreille d’or », d’Elisabeth Barillé: la grâce absolue
Dans « L’oreille d’or » Elisabeth Barillé expose au grand jour le handicap qu’elle a longtemps caché et qui a fait d’elle un écrivain.
« Je ne suis pas née sourde, je le suis devenue l’année de mes six ans ». Voici comment débute une aventure intérieure que la petite fille est alors loin de soupçonner. A l’époque les parents n’ont rien fait.
Merci mes parents, si vous m’aviez préférée parfaite, si vous m’aviez confiée aux réparateurs de la Faculté, je n’aurais pas rencontré ma solitude, je ne l’aurais pas sarclée comme un désert qui ne demande qu’à fleurir, je me serais engoncée dans la vie d’une autre. Je serais passée à côté de ma chance.
C’est cette odyssée intime que conte « L’oreille d’or« . Celle d’une jeune femme qui de sa disgrâce va faire une grâce. De son handicap, un trésor. Cela n’ira pas sans effort. Sans souffrance. Elle les suggère. Ne s’appesantit jamais. « Never explain » est sa devise. Aux regrets elle oppose la joie. Celle de ne pas avoir d’autre choix que de devenir soi même. Envers et contre tout. Contre tous aussi parfois. Entendre d’une seule oreille va la préserver des diktats sociaux et lui ouvrir les portes de contrées enchantées. Celles des livres dans lesquels elle se réfugie dès l’enfance et dont elle va faire son royaume. Ainsi naissent les vocations.
« En me poussant à fuir, la surdité m’a condamnée à l’aventure de la profondeur » écrit celle qui affirme que la surdité l’a sauvée. Dans le silence qu’elle chérit plus que tout la romancière renoue avec l’harmonie: « J’entends des deux oreilles quand j’écris ». Son style en est la preuve dans ce récit où chaque mot est d’or, chaque phrase semblable à un champ de neige sans cailloux ni aspérités sur lequel on glisse ainsi que le préconisait Hemingway.
L’oreille d’or – Elisabeth Barillé – Grasset – 130 pages
Les lectures d’Alexandra
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