« L’homme coquillage » d’Asli Erdogan: un premier roman envoûtant

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Vingt-cinq ans après sa publication dans son pays d’origine, le premier roman de la romancière et militante turque est enfin publié en France. Une ode au désir qui préfigure de nombreux aspects de l’œuvre à venir et rappelle que derrière le porte-drapeau de la résistance au régime turc se cache une immense écrivaine.

 

Je vais vous raconter l’histoire de l’Homme Coquillage, l’histoire d’une île tropicale, d’un amour éclos dans les marécages du crime, de la torture et de la violence, un amour aussi âpre que le terreau qui l’a vu naître. L’histoire d’une force qui rend fous, d’une passion faite des rêves les plus secrets et de désirs jamais assouvis.

Une histoire avec la Caraïbe pour décor que la romancière turque avoue avoir vécue. Une histoire d’amour entre une scientifique blanche et un vendeur de coquillages noir. Deux êtres que tout oppose. En apparence. En apparence seulement.
En séminaire aux Caraïbes, la jeune physicienne nucléaire cache un profond mal de vivre où se mêlent traumatismes personnels et insatisfaction professionnelle. Tony lui n’a que les coquillages qu’il vend sur la plage. Un casier judiciaire plus tout à fait vierge. Et une connaissance aussi profonde qu’intuitive de ce qui fait l’essentiel de la vie. « Parce qu’il avait côtoyé les frontières de la mort, Tony connaissait la vraie valeur de la vie. Seuls ceux qui sont descendus dans les profondeurs du mal peuvent monter jusqu’au sommet de la vertu. »

Lyrique et incandescent

Ces deux-là vont se reconnaître au premier regard. Loin d’une simple aventure exotique sur fond d’île tropicale, l’Homme Coquillage relate une rencontre fondatrice. « J’avais le très net pressentiment que l’Homme Coquillage avait quelque chose à m’apprendre, quelque chose de crucial qui m’avait jusque-là échappé. Quelque chose qui avait trait à la vie et à la mort peut-être ». Et qui donnera à la jeune femme la soif de vivre qui lui manquait. Roman autobiographique, ou en partie, comme le sont souvent les premiers romans, ce récit lyrique et incandescent est celui d’un amour absolu jamais consommé. L’amour total d’une jeune physicienne, devenue depuis écrivain, qui dédie ce livre à l’homme qui le lui a inspiré et qui ne le lira probablement jamais.

Actes Sud – 208 pages

 

  les lectures d’Alexandra
  la critique littéraire desmotsdeminuit.fr

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