« L’étang » de Claire-Louise Bennett: À suivre
Un premier roman totalement déjanté par une jeune Anglaise qui n’a pas fini de faire parler d’elle.
De l’héroïne de Claire Louise Bennett vous ne saurez rien ou presque. Ni comment elle s’appelle. Ni d’où elle vient. Ni à quoi elle ressemble. Tout ce que vous parviendrez à savoir c’est qu’elle s’est essayée à l’écriture d’une thèse avant de tout plaquer pour partir vivre à la campagne, dans un cottage, près d’un étang. Dans cet endroit reculé qui pourrait être l’Irlande, sans que rien non plus ne soit jamais précisé, la jeune femme s’adonne avec ferveur à la lecture et à la contemplation de la nature. « J’écoutais un petit scarabée longer la naissance de mes cheveux sur mon front. J’écoutais une araignée traverser l’herbe sous ma couverture. J’écoutais le yo-yo d’un couple de mésanges bleues querelleuses (…). J’écoutais le ramier s’ébrouer dans les branches moyennes d’un hêtre revêtu de lierre ». Hormis cette activité, la jeune femme ne fait rien, sinon prendre des bains. Et tout le pouvoir de ce premier roman tient justement dans ce rien.
Car rien ce n’est pas rien, comme l’a prouvé Gustave Flaubert qui, lorsqu’il s’attelait à Madame Bovary, rêvait justement d’écrire « un livre sur rien ». A savoir un livre qui tienne par la seule force du style. Or il y a de cela dans le premier roman totalement ébouriffant de cette jeune Anglaise qui manie le flux de conscience avec une virtuosité confondante. Alors qu’importe ce qu’elle choisit de nous raconter puisque tout est bien évidemment dans la manière dont elle nous le raconte. Il fallait oser consacrer un chapitre entier au bouton de réglage d’une cuisinière, Mrs Bennett l’a fait. Avec aplomb, humour, lyrisme et sensibilité. C’est ce cocktail étonnant qui fait toute la saveur de ce premier roman, capable de célébrer la beauté du concentré de tomates oublié dans un recoin du frigo et celle du « vieil orage » qui gronde dans les forêts. Une chose est sûre: Mrs Bennett ira loin.
Car rien ce n’est pas rien, comme l’a prouvé Gustave Flaubert qui, lorsqu’il s’attelait à Madame Bovary, rêvait justement d’écrire « un livre sur rien ». A savoir un livre qui tienne par la seule force du style. Or il y a de cela dans le premier roman totalement ébouriffant de cette jeune Anglaise qui manie le flux de conscience avec une virtuosité confondante. Alors qu’importe ce qu’elle choisit de nous raconter puisque tout est bien évidemment dans la manière dont elle nous le raconte. Il fallait oser consacrer un chapitre entier au bouton de réglage d’une cuisinière, Mrs Bennett l’a fait. Avec aplomb, humour, lyrisme et sensibilité. C’est ce cocktail étonnant qui fait toute la saveur de ce premier roman, capable de célébrer la beauté du concentré de tomates oublié dans un recoin du frigo et celle du « vieil orage » qui gronde dans les forêts. Une chose est sûre: Mrs Bennett ira loin.
224 pages
(photo d’llustration © Patrice Normand)
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