André Comte-Sponville apaisé par Montaigne: « C’est chose tendre que la vie ! » #527

Le don d'angoisse ...
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 » Plus doué pour la pensée que pour la vie ». Il y a dans ce signe particulier qu’admet le docteur en philosophie qu’il est un écart avec le ici et maintenant qui oblige à toujours chercher « à penser neuf et penser juste ». Qui amène à aller de temps à autre du côté des états modifiés de conscience qui apaisent. L’humanisme de Montaigne qu’il découvre à 30 ans, lui va bien comme un gant de velours.

D’accord pour parler avec son éditeur d' »Un livre-bilan, à la fois singulier et fort »! Dans cette émission, André Comte-Sponville complète cette série d’entretiens avec François L’Yvonnet. Une chose est remarquable dans notre conversation : le peu de temps laissé au silence, comme si l’enfant, perdu entre la mélancolie d’une mère et l’autoritarisme d’un père, mal à l’aise avec le langage qu’il fut, continuait chez l’adulte d’aspirer à dire nécessairement et à combler nos incomplétude et solitude existentielles. Ce « doué pour l’angoisse »  (« Du tragique au matérialisme (et retour) » en 2015) qui a aussi traité du désespoir, de la béatitude ou des grandes vertus est passé par la foi ou le communisme. Il a signé une oeuvre, moins médiatique que celle de certains de ses contemporains. Comme viatique, elle est substantielle et suffisante, souvent intranquille… Une vie, en somme. 

 

« Ce n’est pas qu’il faille vivre au présent. C’est que nul n’a jamais vécu autre chose. Vivre au présent, ce n’est pas un idéal, qu’il faudrait atteindre. C’est la vérité de vivre. Essayez un peu de vivre une seconde de passé, ou une seconde d’avenir! Tout ce que vous pourrez faire, c’est vivre une seconde de souvenir ou d’anticipation. Mais le souvenir est actuel comme l’anticipation. Vous n’êtes pas sorti du présent : vous êtes passé du présent de l’attention à celui de la mémoire ou de l’attente. Vous auriez d’ailleurs bien tort de vous l’interdire. Vivre au présent, ce n’est pas vivre dans l’instant, ni même dans l’hédonisme du carpe diem! Il ne s’agit pas de s’amputer vivant de la mémoire et de l’imagination, mais de comprendre que le souvenir, l’image ou le projet n’existent qu’au présent, comme tout le reste. Aucun instant n’est une demeure pour l’homme, mais le présent seul, qui dure et qui change, mais la conscience seule, qui anticipe et se souvient. Habitez donc la présence de votre souvenir, la présence de votre anticipation, plutôt que le manque en vous (qui n’a de réalité qu’imaginaire) du passé ou du futur! »

Dédicace André Comte-Sponville
Catherine Withol de Wenden était l’autre invitée de cette émission. Nous l’avons attendue. Elle n’est pas venue et nous n’avions pas le mot d’excuse des parents. Nonobstant, la qualité de son expertise et des travaux qu’elle dirige rendent nécessaire de l’entendre pour penser autrement les flux migratoires tellement instrumentalisés par le politique. Pour avoir une idée de son regard, cette interview récente chez nos confrères de Libération.  

Musique pour conclure l’entretien avec Oxmo Puccino.  

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