Objets d’ici l’Amérique 🇺🇸 Les carnets d’ailleurs de Marco & Paula #233
Paula se concentre sur les petites choses qui lui font penser: je suis en Amérique et nulle part ailleurs.
Quatre mois aux États-Unis et je poursuis mon exploration. La vie politique observée depuis son épicentre géographique continue de m’échapper et vu que ce que j’en saisis par le truchement de France Culture ne m’incite pas à m’y attarder. Aussi, je préfère observer des objets qui me paraissent fort typiques du mode de vie américain. Et si certains me semblent complètement stupides et d’autres suffisamment pratiques pour que je les adopte, il en existe qui me mettent mal à l’aise.
Eeeeeeuuurrrrrr…
Parmi ces derniers, je place en tête de liste le broyeur d’évier. Écologiquement parlant, s’il permet de réduire le volume des poubelles et donc à priori le nombre de sacs plastique, il est en fait un cauchemar pour le traitement des eaux usées et d’ailleurs souvent interdit dans les communes françaises. Certains de nos amis l’utilisent constamment, d’autres avec parcimonie, moi avec prudence. Je reste traumatisée par une scène dans la série télévisée Orphan Black où une des héroïnes regardait fort calmement mourir sa voisine étranglée par sa lavallière malencontreusement coincée dans le broyeur d’évier qu’elle venait de mettre en marche.
Le souffleur de feuilles à moteur à combustion est un fléau équivalent à celui des tondeuses à gazon. La saison automnale a été particulièrement pénible avec des maniaques qui dès potron-minet chassaient la moindre feuille de leur gazon, sans doute parce qu’il leur fallait bien s’occuper autrement maintenant qu’ils ne pouvaient plus le tondre. Le souffleur souffle donc il lui faut imaginer où expédier les feuilles mortes. En ville, les gens les soufflent en gros tas sur les trottoirs où le service de la ville vient les aspirer régulièrement au point que les autorisations de stationner fluctuent constamment. D’aucuns les soufflent vers le jardin contigu comme le faisait sans vergogne hier notre actuel voisin. Ne maîtrisant pas les us et coutumes dans le quartier, je me suis abstenue de lui souffler dans les bronches.
Respirer… Vous êtes chauffés et refroidis!
Dans un registre moins agaçant mais qui me laisse d’autant plus perplexe qu’il nous faudra choisir celui de notre maison, je place les systèmes de chauffage. Dans la région, ils sont généralement couplés au système de climatisation, soufflant (eux aussi) de l’air chaud ou froid suivant la saison. De ce fait, les radiateurs nid à poussières sont remplacés par des orifices au plafond qui vous empoussièrent sournoisement. Si on y ajoute le détecteur de fumée, quelques luminaires et bien souvent le ventilateur, le ciel de lit adopte un style post industriel plus cheap que chic.
Les fenêtres des maisons, au moins celles que nous fréquentons sont unanimement équipées de stores à lattes ou en tissus, horizontaux ou verticaux, beiges, gris ou blancs. Rares sont les volets et s’il y en a, ils sont d’apparat. Ici, on n’ouvre pas les volets, on relève les stores, une gestuelle que je trouve tout de même moins théâtrale. Même chose pour les fenêtres: les Américains ont un faible pour le modèle à guillotine, ce qui rend tout de suite l’ouverture des volets beaucoup plus acrobatique.
Désinfecter les prothèses…
J’ai plus d’indulgence pour les boîtes aux lettres car j’ai enfin compris à quoi servait la tirette rouge parfois dressée, parfois couchée dont elles sont pourvues. Ici, les boîtes servent aussi à expédier le courrier. Lever la tirette et le facteur s’arrêtera et récupérera votre missive dûment timbrée. C’est plutôt astucieux. Côté réception des lettres les plus impatients, ou les plus sophistiqués, peuvent équiper leur boîte d’un capteur qui les avertira de l’arrivée du courrier. On peut imaginer que ce gadget pourrait être utile pour ceux dont la maison est vraiment loin de la route, mais le capteur a une portée de moins de cent mètres – bref, c’est un gadget pour flemmards – mais les gadgets ont-ils d’autres vocations que d’encourager la flemme?
Le dernier gadget, je l’ai déniché dans un catalogue reçu par la poste qui présente « les articles les meilleurs, uniques et inattendus depuis 172 ans« . Cela fait longtemps que je n’ai pas feuilleté un tel catalogue y compris en France et je ne résiste pas à vous faire l’article pour le « désinfectant de smartphone en dix minutes ». Placé dans ce boîtier votre téléphone dit-intelligent sera débarrassé de tous les germes, virus et microbes qui s’y concentrent (dix fois plus que dans des toilettes publiques nous précise-t-on). Je frémis à l’idée que, vu le prix du gadget ($100) il me faudra attendre le prochain Noël pour me le faire offrir, et que je pourrais bien succomber d’ici là à toutes ces menaces que j’ignorais.
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