Marco & Paula : Carnets d’ailleurs #37 : Au Congo, Paula prend ses marques
Enfin ! Paula a posé ses valises en République Démocratique du Congo, RD Congo, RDC, Congo Kinshasa qui fut un temps Kongo, Etat indépendant du Congo – lorsqu’il fut jardin du roi Léopold, Congo Belge et Zaïre.
J’ai clairement eu de la chance car j’ai découvert depuis que la RDC s’est spécialisée dans les tracasseries administratives, au dire de collègues du monde humanitaire. Je vais avoir tout le temps de le vérifier, puisque me voici recrutée pour un an comme coordinatrice de projets pour une ONG médicale. Depuis 2010, Marco et moi n’étions plus parvenus à travailler dans le même pays en même temps… Nous fêtons mon arrivée et cette bonne nouvelle à la Tembo, une bière locale tout à fait décente.
Dans une dizaine de jours, nous quitterons l’hôtel où nous nous sommes posés et c’est bien. Certes, c’est un hôtel charmant et confortable doté d’une belle piscine de 33m, d’un bon restaurant bien pratique quand nous saturons de nos bricolages dinatoires dans la kitchenette de notre suite. Mais non seulement le coût n’est pas « petit », comme disent les Ivoiriens mais en plus chaque week-end nous subissons la musique du restaurant d’à côté de 4h de l’après-midi à 22h passées. Un bon moyen de découvrir la musique locale pourrait-on croire, sauf que le groupe ne fait que de la rumba congolaise, un truc bien trop guimauve à mon goût.
Nous disposons du bouquet satellite africain DSTV nous donnant accès aux classiques chaines d’information (BBC news, CNN, France 24 et TV 5 monde), à deux chaînes identiques servant des films et séries d’action ou d’ados au bord de la crise hormonale. Il nous est arrivé de voir la fin d’un film sur l’une puis son début sur l’autre. Un soir de zapping sans espoir, je réalise que nous regardons un documentaire sur l’élevage des blaireaux quelque part dans un coin reculé de la Chine. Nous sommes sur CCTV-F (China Central Television en français) et nous apprenons combien il a fallu d’efforts, d’optimisme et de persévérance à Monsieur Li pour… s’enrichir. Ce documentaire fleure bon la propagande avec parfois des incrustations de texte didactique (« la gestation du blaireau dure 312 jours…. »), l’avis enthousiaste de la responsable du district et quelques insertions publicitaires sibyllines sans préavis. M. Li nous explique que pour s’agrandir, il a fallu exproprier le terrain d’en face (sic!) – j’espère que c’est une erreur de traduction. Car tout est traduit. CCTV-F, à l’instar d’ Al Jazeera ou France 24, est destiné à la diaspora et à l’éducation des masses congolaises désireuses d’appréhender les subtilités chinoises.
Ma première visite au supermarché m’a quelque peu décontenancée. Nous étions dans un magasin du centre ville semblable à des millions d’autres de part le monde avec les mêmes produits qu’ailleurs et bien trop peu de produits locaux hormis quelques fruits et légumes (rien à voir avec un supermarché de Madagascar où la boîte de riz au lait voisine celle du « Koba », sa variante malgache). Ce qui me déroute, c’est que les étiquettes n’indiquent pas le prix mais un code à une lettre et trois chiffres. Après quelques instants de flottement, Marco débusque la clef: au commencement de chaque rayon sont affichés des formats A4 établissant les correspondances numéro et prix. Pour peu que votre article soit en milieu de rayon, vous devez, mémoriser le numéro, marcher une dizaine de mètres, consulter le panneaux, et retourner, parcours à répéter si, consommateur avisé, vous voulez comparez plusieurs marques. Comme vous devez ajouter les variables masse, volume, origine du produit, date de péremption, vous achevez vos courses avec un léger mal de tête, voire plus en cas d’irritation prolongée. En fait, ce système existe depuis une période d’inflation galopante qui [s’est stabilisée depuis] [n’est plus maintenant qu’un souvenir]. Vu le prix des denrées – plutôt La Grande Epicerie® que Leedle®, je trouve que le magasin pourrait remettre en place un étiquetage classique. Ou alors rétribuer sa clientèle.
Chaque matin, je me réveille au son des chevaux foulant le sol, et chaque matin, je réalise que ce clap clap n’a rien à voir avec des sabots au quatre temps de la marche, mais avec le heurt régulier d’une brosse sur une boîte, c’est un cireur qui passe.
Tout Nomad’s land.
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