Une séduisante esquisse cinématographique d’un personnage réel. Olga, inquiétante beauté sombre et meurtrière.
Moi, Olga – Tomas Weinreb & Petr Kazda (Tchéquie) – 1h45
Le fait divers avait bouleversé la grisaille de la Tchécoslovaquie de la fin des années 60, encore formatée au communisme qui n’était pas que politique mais aussi moral. Olga Hepnarová, une jeune fille de 22 ans avait foncé au volant d’un camion sur des piétons tuant et blessant nombre d’entre eux. Son crime prémédité la conduira à la potence.
Voici donc elle, Olga. D’abord adolescente tourmentée, mutique, butée, rebelle. Déjà la révolte contre un univers familial strict, glacial, où le silence fait le plus souvent office de conversation. Sans idée d’avenir plus que désespérée, elle avale une boîte de comprimés. « Il faut beaucoup de volonté pour se suicider, ma fille. Tu n’en as pas assez. Il faut l’accepter » la sermonne sa mère implacable avant de l’envoyer dans un pensionnat psychiatrique où ce mouton noir asocial sera immédiatement rejeté et tabassé par ses voisines de chambrée. Quand elle en sort, un an plus tard, sentiment de persécution plus aigu encore, elle s’installe dans une cabane enchaînant les petits boulots dont elle est régulièrement et logiquement virée. Brisant la solitude qu’elle recherche autant qu’elle la subit, elle se rapproche des femmes, dans une homosexualité qui, peut-être plus qu’une inclination, ressemble à un refus de la norme. Jalousies, provocations, le chaos se poursuit, il a tout d’une psychose schizophrénique quand, persuadée d’être le souffre-douleur de toute une société, Olga décide froidement de la faire payer.
Voici donc elle, Olga. D’abord adolescente tourmentée, mutique, butée, rebelle. Déjà la révolte contre un univers familial strict, glacial, où le silence fait le plus souvent office de conversation. Sans idée d’avenir plus que désespérée, elle avale une boîte de comprimés. « Il faut beaucoup de volonté pour se suicider, ma fille. Tu n’en as pas assez. Il faut l’accepter » la sermonne sa mère implacable avant de l’envoyer dans un pensionnat psychiatrique où ce mouton noir asocial sera immédiatement rejeté et tabassé par ses voisines de chambrée. Quand elle en sort, un an plus tard, sentiment de persécution plus aigu encore, elle s’installe dans une cabane enchaînant les petits boulots dont elle est régulièrement et logiquement virée. Brisant la solitude qu’elle recherche autant qu’elle la subit, elle se rapproche des femmes, dans une homosexualité qui, peut-être plus qu’une inclination, ressemble à un refus de la norme. Jalousies, provocations, le chaos se poursuit, il a tout d’une psychose schizophrénique quand, persuadée d’être le souffre-douleur de toute une société, Olga décide froidement de la faire payer.
Je suis folle, oui. Mais ma folie est clairvoyante.
Moi, Olga
Moi, Olga
Chaos
Il faut un temps pour s’accommoder d’une narration entamée dans une apparence de désordre déroutant avant de comprendre (et d’approuver) que, si le récit semble chaotique, il est en miroir de la tourmente qui agite l’âme d’une paumée qui se persuade qu’elle est martyrisée depuis toujours.
Saura-t-on jamais qui était Olga Hepnarová? Le film se garde justement de trancher en s’abstenant de servir platement un prêt-à-juger, dans la neutralité d’un noir et blanc et l’économie d’une mise en scène affirmée mais sans effets. En livrant quelques pistes, il construit surtout un personnage de fiction ambigu et passionnément touchant.
Michalina Olszańska qui en est l’interprète n’est pas pour rien dans cette réussite, c’est elle, c’est une Olga sans défaillir d’une composition étourdissante d’un bout à l’autre. Elle sait mettre du trouble, de la folie, du venin, du mystère dans sa beauté sombre sous sa coupe au carré qui lui va si bien, physiquement autant que mentalement.
Une victime, elle aussi. D’elle-même?
Saura-t-on jamais qui était Olga Hepnarová? Le film se garde justement de trancher en s’abstenant de servir platement un prêt-à-juger, dans la neutralité d’un noir et blanc et l’économie d’une mise en scène affirmée mais sans effets. En livrant quelques pistes, il construit surtout un personnage de fiction ambigu et passionnément touchant.
Michalina Olszańska qui en est l’interprète n’est pas pour rien dans cette réussite, c’est elle, c’est une Olga sans défaillir d’une composition étourdissante d’un bout à l’autre. Elle sait mettre du trouble, de la folie, du venin, du mystère dans sa beauté sombre sous sa coupe au carré qui lui va si bien, physiquement autant que mentalement.
Une victime, elle aussi. D’elle-même?
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