« Des rêves sans étoiles », jeunes délinquantes iraniennes, sensible documentaire 🎬
La pudeur du documentariste iranien Mehrdad Oskouei souligne l’injuste détresse de très jeunes filles jetées dans la délinquance.
Un centre de détention pour mineures à Téhéran.
Elles ont volé, plus ou moins gros, vendu de la drogue, souvent consommé aussi, l’une d’elle a tué son père qui battait sa mère, sa sœur et elle-même. Leur enfer ce sont d’ailleurs souvent la maison et la famille, un père ivre qui cogne, qui met sa fille sur le trottoir pour financer sa came, un oncle qui viole à répétition en toute impunité. Pour d’autres c’est la rue et ses violences. Certaines ont été mariées à 14 ans, déjà des bébés qu’elles ne voient qu’à l’occasion de rares visites.
Elles sont délinquantes, criminelles, ce sont d’abord des victimes.
Leur espace carcéral est organisé dans un vaste dortoir, les lits superposés sont alignés le long des murs, au centre une grande table où elles se font une fête de quelques pizzas venues de l’extérieur, où elles plaisantent, rigolent, même quand elles chantent le malheur. Car ce qui frappe d’abord c’est leur complicité, leur gaîté. Comme toutes les filles de leur âge, elles rêvent d’amour et de belles histoires, comme tous les prisonniers, de liberté, mais la vraie, celle qui pourrait leur permettre de changer leur destin. La réalité est toute autre, il faut voir les cahiers sur lesquels elles consignent leur quotidien et imaginent leur avenir. Si on y voit des princes charmants et des robes de mariée, elles y dessinent aussi des cordes pour se pendre. Les larmes ne sont jamais loin quand elles confient leur tragédie, elles coulent à flots quand c’est trop dur. On a nous-mêmes la gorge serrée en entendant conter ces détresses comme irréversibles. Si elles attendent que les portes de la prison s’ouvrent enfin, elles craignent tout autant de devoir alors à nouveau affronter les tempêtes familiales ou les gouffres de la rue.
Elles ont volé, plus ou moins gros, vendu de la drogue, souvent consommé aussi, l’une d’elle a tué son père qui battait sa mère, sa sœur et elle-même. Leur enfer ce sont d’ailleurs souvent la maison et la famille, un père ivre qui cogne, qui met sa fille sur le trottoir pour financer sa came, un oncle qui viole à répétition en toute impunité. Pour d’autres c’est la rue et ses violences. Certaines ont été mariées à 14 ans, déjà des bébés qu’elles ne voient qu’à l’occasion de rares visites.
Elles sont délinquantes, criminelles, ce sont d’abord des victimes.
Leur espace carcéral est organisé dans un vaste dortoir, les lits superposés sont alignés le long des murs, au centre une grande table où elles se font une fête de quelques pizzas venues de l’extérieur, où elles plaisantent, rigolent, même quand elles chantent le malheur. Car ce qui frappe d’abord c’est leur complicité, leur gaîté. Comme toutes les filles de leur âge, elles rêvent d’amour et de belles histoires, comme tous les prisonniers, de liberté, mais la vraie, celle qui pourrait leur permettre de changer leur destin. La réalité est toute autre, il faut voir les cahiers sur lesquels elles consignent leur quotidien et imaginent leur avenir. Si on y voit des princes charmants et des robes de mariée, elles y dessinent aussi des cordes pour se pendre. Les larmes ne sont jamais loin quand elles confient leur tragédie, elles coulent à flots quand c’est trop dur. On a nous-mêmes la gorge serrée en entendant conter ces détresses comme irréversibles. Si elles attendent que les portes de la prison s’ouvrent enfin, elles craignent tout autant de devoir alors à nouveau affronter les tempêtes familiales ou les gouffres de la rue.
Jeunesses ravagées
Le documentaire de Mehrdad Oskouei est fort et percutant, on osera dire que, bien que douloureux, il est beau, comme ces jeunes filles sont belles. On ne leur donne pas quitus de leurs exactions, on comprend simplement l’injustice de leur abîme, celui qui se lit dans leur regard de jeunes filles trop vite éjectées de l’enfance. Le réalisateur iranien a su trouver la bonne distance, la bonne proximité, interroger avec pudeur des intimités déchirées, sans pathos ni angélisme, dans une réalisation et un montage impeccables, choisissant opportunément des couleurs en demi-teintes. Il n’est pas le premier à nous montrer la dérive et le désœuvrement d’une partie de la société iranienne, Kiarostami et Panahi, notamment, ont ainsi scénarisé un réel qui n’interesse pas les cartes postales. On pense aussi à une cinéaste dont les films ont été peu vus en France, Rakhshan Bani-Etemad qui dans de terribles et magnifiques fictions (Mainline, Sous la peau la ville) confirmait que l’Iran est l’un des plus gros consommateur de drogues dures au monde. Ça n’est pas l’intention d’Oskouei, n’empêche qu’il en montre aussi les ravages.
Des rêves sans étoiles – Mehrdad Oskouei (Iran) – 1h16
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