Les Carnets d’ailleurs de Marco et Paula #77: Hommage à Giorgio De Chirico
Mettant à profit le hiatus d’août – chronique suspendue – Marco avait trouvé utile de se déboulonner la tête. Ce mardi, c’est sa rentrée, mais il ne retrouve plus les boulons. Et Paula n’est pas là pour l’aider à les chercher au pied du lampadaire.
Ça fait trois jours que je tourne autour d’un puits vide. Pas d’encre. Pas de doigts qui s’agitent. Des écrans gris et vides comme ce ciel tropical. Panne d’inspiration. C’est bizarre, un nomade en panne. On croit que sa constante errance est animée par des ressources insoupçonnées, mais en fait, il nomadise comme d’autres vont au bureau du lundi au vendredi. A voir les foules qui gonflent le matin sur les quais des gares et des stations de métro, on pourrait croire ces travailleurs modernes eux aussi animés d’une passion secrète. Mais, comme les nomades, ils errent. Peut-être en fait ont-ils tous le même rêve inconnaissable coincé au fond de la tête. Un rêve fait de vent.
Se mettre à écrire, c’est comme plonger dans une piscine. Et j’ai horreur de l’un et de l’autre. Je n’aurais jamais dû suspendre le stylo, la vacance s’est emparée de moi. Revenu au puits, je l’ai trouvé vide. Et pourtant, je finis toujours par plonger dans la piscine.
Tiens, d’ailleurs, je me suis mis à écrire.
Ainsi, dimanche, talonné par une sorte d’inquiétude coupable, j’étais allé m’asseoir sur la chaise ergonomique de mon bureau. C’était le seul endroit que je connaissais, ici à Abidjan, où je pourrais être à moitié décemment sis. Et puis j’ai attendu les « daemons » (« daemon » est la traduction latine du mot grec ancien δαιμων « daimõn », qui chez Socrate désigne un génie personnel, une divinité intérieure qui inspire le jugement, un intermédiaire entre les dieux et les mortels. Aujourd’hui, « daemon » est un signifiant faisant référence à des processus informatiques qui s’exécutent en arrière-plan, plutôt que sous le contrôle direct d’un utilisateur- dixit Wiki).
Se mettre à écrire, c’est comme plonger dans une piscine. Et j’ai horreur de l’un et de l’autre. Je n’aurais jamais dû suspendre le stylo, la vacance s’est emparée de moi. Revenu au puits, je l’ai trouvé vide. Et pourtant, je finis toujours par plonger dans la piscine.
Tiens, d’ailleurs, je me suis mis à écrire.
Ainsi, dimanche, talonné par une sorte d’inquiétude coupable, j’étais allé m’asseoir sur la chaise ergonomique de mon bureau. C’était le seul endroit que je connaissais, ici à Abidjan, où je pourrais être à moitié décemment sis. Et puis j’ai attendu les « daemons » (« daemon » est la traduction latine du mot grec ancien δαιμων « daimõn », qui chez Socrate désigne un génie personnel, une divinité intérieure qui inspire le jugement, un intermédiaire entre les dieux et les mortels. Aujourd’hui, « daemon » est un signifiant faisant référence à des processus informatiques qui s’exécutent en arrière-plan, plutôt que sous le contrôle direct d’un utilisateur- dixit Wiki).
Ils ne sont pas venus. J’ai fait autre chose. Je ne sais plus quoi. Puis la nuit est tombée, et j’ai appelé mes soeurs. Le dimanche s’était défilé. J’avais tout de même écrit à une amie.
Lundi, je me suis enlisé dans les sables.
Lundi soir, je n’avais toujours pas trouvé de puits de pétrole dans mon étendue de sable. Rien pour payer les factures. Quand on est nomade, ai-je remarqué, l’argent vous suit, mais de loin. Une caravane en retard.
Mardi avant l’aurore, toujours rien. Même les oiseaux ne trouvaient rien à pépier à une heure aussi incongrue. Je m’étendis sur les dalles et attendis. Rien ne fut dit. Pas même un cliquetis cérébral. Quelle paix!
Mardi soir. C’est l’heure du jugement. J’ai plongé dans la piscine. Tant pis.
Et maintenant, je vais me féliciter avec un verre d’un excellent whisky single malt et deux carrés de chocolat noir. Comme l’enfer.
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