Rencontres familiales incertaines aux sommaires du magnifique Ida de Pawel PAWLIKOWSKI. Jouer de ses différences pour en faire une force, ou simplement accepter le questionnement. Si la vie est un théâtre, l’engagement d’une religieuse est-elle la vraie vie?
Ida de Pawel PAWLIKOWSKI (Pologne) – 1h19
1962. La jeune Ida qui a passé son enfance dans l’orphelinat d’un couvent est sur le point de prononcer ses vœux de religieuse. Mais lors d’un voyage chez sa tante, Wanda -qu’elle n’avait jamais connue-, elle apprend qu’elle est… juive. Et que c’est pendant la guerre que ses parents ont mystérieusement disparu. Toutes deux partent à la recherche d’explications, le voyage les rapproche tout en révélant leurs différences et leurs doutes. C’est la première sortie du couvent pour Ida, l’introvertie, timide mais farouche dans sa dévotion à Dieu. Sous son voile, on devine la beauté de son âme, sa simple beauté physique aussi. Et ses tentations impies. Wanda est au contraire sûre d’elle, ancienne procureure zélée lors de procès staliniens à grand spectacle, aujourd’hui toujours magistrate bien introduite dans la nomenklatura. Elle enchaine les conquêtes masculines mais la fumée des cigarettes qu’elle allume à la chaîne masque mal une ancienne et dramatique blessure intérieure. Ensemble elles vont découvrir la vérité de leur histoire familiale mais surtout la véritable nature de leur être.
Un film photographique
Ida est d’abord une très belle réussite artistique. « Un film photographique » comme l’a voulu Pawel Pawlikowski, son réalisateur, qui dans un format presque carré propose des cadres millimétrés pour des décors souvent somptueux. Un splendide noir et blanc qui joue aussi du gris des années 60 en Pologne. La beauté reste sobre, en accord avec la pudeur du récit de cette improbable rencontre entre deux femmes que tout semblait opposer, incarnées à l’écran par deux grandes comédiennes. Agata Kulesza (Wanda) est très fameuse dans son pays. En revanche la jeune Agata Trzebuchowska (Ida) est une parfaite inconnue, mais l’intériorité de son jeu et la magie des nuances de son regard sont stupéfiants.
(Article publié en février 2014)tous les Ciné, cinoche
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