L’une des spécialités de notre quartier deTunis est la robe de mariée ou de mariage : on dénombre une trentaine de boutiques sur 4 à 5 rues adjacentes, avec aux devantures des mannequins anorexiques revêtues de robes froufroutantes, moulantes, chatoyantes…
J’apprends à la radio que l’air à Bab Saadoun, le grand carrefour qui borde notre quartier, est le plus pollué de Tunis. Très bien, je n’aurai pas de soucis d’acclimatation à Paris quand j’y retournerai d’ici une quinzaine. Il ne faut pas stresser son organisme.
Pas stressés, les enfants de l’école primaire voisine. L’école fonctionne en double rotation. Chaque jour, deux groupes d’élèves ont cours. L’un de 8h à 10h, l’autre de 10h à midi et même alternance l’après-midi. Le samedi matin, tout le monde est ensemble, à la grande joie des enseignants. Ce système gâte les mères; elles disposent de deux fois deux heures pour le ménage, les courses, les repas. Trop cool. A 8 heures, ponctuellement, les enfants entonnent ardemment chaque jour le même chant. Il m’a fallu un certain temps pour reconnaître l’hymne national, nettement plus gai que dans les stades de foot (quand on cherche l’hymne national sur Youtube, on tombe souvent sur des débuts de match).
Tunis vient de vibrer une semaine avec les JCC, « Les Journées cinématographiques de Carthage ». Carthage ou Tunis ? Il faut savoir que Carthage est l’appellation géographique fourre-tout pour les événements culturels internationaux. Quand nous avions voulu assister au Festival de jazz de Carthage, nous avions erré dans la dite-ville une heure avant d’apprendre que le festival se tenait à Gammarth, soit à une dizaine de kilomètres plus loin. Pour les Journées, tous les cinémas de Tunis (une quinzaine) présentaient chaque jour 3 à 4 films. Mes amis étaient ravis, d’autant que leurs soirées se prolongeaient sur les boulevards. Pour un tas de bonnes et mauvaises raisons, je n’y suis pas allée.
L’association pour laquelle je travaille collabore avec une autre pour présenter un projet à l’Union Européenne. L’appel à proposition porte sur l’appui à la société civile. L’aventure est tentante mais pleine de pièges. Dans deux jours, nous devons déposer une note succincte de cinq pages qui seront -ou non- le sésame pour avoir le droit de présenter un projet détaillé. Une misère, cinq malheureuses petites pages. Et pourtant… Chacune de ces cinq pages est formatée avec un nombre précis d’informations à donner, ni plus, ni moins. Tout est calibré, depuis la marge, la taille de la police jusqu’au format des tableaux et la longueur des chapitres. C’est pratique pour le lecteur qui va se retrouver avec une jolie pile de dossiers à éplucher dans un laps de temps qui ne sera jamais suffisant. Je le sais, je l’ai vécu dans une mission antérieure… Plus vous jouez dans la cour des grands (bailleurs), plus le formatage est serré: écrire ces 5 pages est déjà un test. « Mon » association est une petite nouvelle : très peu de personnel (bénévoles ou pas), deux ans d’ancienneté, un budget pas vraiment consolidé mais des projets stimulants sur la Santé Sexuelle et Reproductive (ou non reproductive d’ailleurs).
Nous sommes en Tunisie, le secteur associatif est majoritairement jeune, bouillonnant et brouillonnant. Les bonnes idées sont là (https://www.youtube.com/watch?v=1DtHHwg7xTc & https://www.youtube.com/watch?v=3e6HczAS_UE), les bonnes personnes aussi, mais elles sont souvent trop sollicitées. Le week-end dernier, nous devions écrire deux pages. Nous nous sommes enfermées, la présidente et moi. Ecrire deux pages et non pas trois fut une longue épreuve. Mais bon, je vais arrêter de la jouer Cosette, nous étions enfermées dans une grande villa moderne au bord de la mer et plus souvent sur la terrasse qu’entre les murs.
Nous étions au bout du bout d’une piste qui n’est plus vraiment praticable alors nos bagages ont voyagé à dos d’âne. Ça n’avait rien d’exotique : c’était nécessaire. Les Tunisois ayant racheté ces terrains trop exposés aux brises salines pour être cultivés ne veulent surtout pas d’une route goudronnée qui faciliterait l’accès aux quelques plages de cette côte nord bien moins sableuse que ne l’est la côte orientale.
Entendu : une amie, militante, me parle de son association : « nous l’avons créée après la …[hésitation] … après 2011. Je n’arrive plus à dire « après la révolution’ ». Ça ne l’empêche pas de militer encore et encore.
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