Un film noir en couleurs en provenance de Chine, un film pas si rose, très californien, de la petite-fille de Francis Ford Coppola.
Black coal – Diao YINAN (Chine) 1h46
Une mise en scène et en images précise autant que lumineuse et deux comédiens formidables: Liao Fan, Gwei Lun Mei.
Cinématographiquement aussi, la Chine s’est éveillée.
* * * * *
Palo Alto – Gia COPPOLA (USA) 1h36
Des enfants gâtés en fin d’adolescence dans un quartier chic californien. Fêtes, alcool, herbe, sexe et surtout frime. Fred et Teddy sont les meilleurs amis du monde, Fred joue les grandes gueules, Teddy est plus tendre mais plus mûr. Leur amitié devient affrontement: qui a la plus grosse… envie de vie? Chez les filles aussi c’est la tchatche, surtout pas laisser penser aux copines qu’on est retard sur les (nouvelles) choses de la vie, notamment en matière de libertinage actif. Comme Teddy, Emily veut brûler les étapes, maladroitement. April joue dans une équipe de football féminin, elle semble plus sage, ce qui ne l’empêchera pas d’être piégée par son bel entraineur dont toutes les joueuses sont amoureuses. Dans cette petite comédie humaine de l’acess prime-time de la vie, il y a potentiellement beaucoup de casse…
Enième portrait cinématographique du tumulte du passage à l’âge adulte, Palo Alto n’est pas le meilleur, l’empathie est très moyenne pour ces gosses de riches à qui certains auraient d’abord envie de donner une bonne paire de claques, passe ton bac d’abord. Dont acte, Gia Coppola, elle-même descendante privilégiée d’une grande famille de cinéastes, n’a pas à s’interdire de filmer ceux qu’elle connait le mieux. Certes son grand père, Francis Ford, dans Outsiders et surtout Rusty James avait brillamment exploré des mondes de jeunes qui n’étaient pas les siens. Sofia, sa tante (Virgin suicides, Lost in translation, Somewhere), a elle cantonné ses personnages et ses décors à ce qu’elle connait, pauvre petite fille riche, ses films ne nous ont pas déplu pour autant. Après tout, la dureté intérieure et les affres d’un adolescent sur le point de devenir adulte diffèrent-ils qu’il soit riche ou pauvre? Cet apprentissage ignore les classes sociales. Ici, les parents ne sont pas dealers ou chômeurs, c’est pas mieux, la desperate housewife mère de Teddy console sa silhouette au botox et le père de Fred, baba attardé, fume ses petits joints en solitaire. Bien vu.
Palo Alto n’est pas exemplaire en terme de scénario qui se contente d’accumuler les séquences, élégantes, intrigantes, parfois glaçantes. Mais Gia a tout juste passé l’âge de ses personnages, et sa mémoire est vive et précise de cette étape étourdissante autant qu’angoissante. Son film générationnel, s’il est parfois maladroit, est authentiquement sensible. C’est un premier long-métrage, elle est toute jeune cinéaste, sa caméra-scalpel ausculte comme pour dire un désenchantement. Elle a du talent et de belles intentions.
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