« Un château en Italie » (Valeria Bruni-Tedeschi), « Jasmine »(A. Ughetto), « Snowpiercer », (Joon-ho Bong), « Les dix commandements » (Cecil B. DeMille)
De films en films (3 à son compteur de réalisatrice), Valeria Bruni Teddeschi, qu’on aime déjà beaucoup dans son authenticité et sa fraîcheur de comédienne, s’affirme comme une fine lame cinéaste. Après « Il est plus facile pour un chameau… » et « Actrices » voici « Un château en Italie ».
Un château en Italie – Valeria BRUNI-TEDESCHI (1h44)
Comédies? Surement, on rigole, mais les larmes ne sont pas loin, obligé au statut de voyeur, à mater ses vrais inconforts personnels qui la rongent dans une histoire familiale complexe et complexante. Pauvre petite fille riche qui aurait trouvé dans la distanciation du métier de comédienne les effets d’une cure. ITW France 24 (elle est crispée).
Cette fois encore, on se régale de ses inventions simples de mise en scène et dans sa direction d’un casting impeccable. Ou presque.
Un pitch? Elle est une ancienne actrice et se fait lourdement draguer par un acteur neurasthénique. Après avoir résisté elle craque et embarque le beau gosse dans ses histoires de famille italienne. Sa mère, une vieille mais très riche peau, qui a négligé l’éducation de sa descendance, veut vendre son château et ses inestimables oeuvres d’art. Mais il y a un frère, fils chéri, devenu mélancolique et insupportable depuis qu’il est atteint du sida et qu’il va mourir. Est-ce pour ça qu’elle veut un enfant de son amant qui ne s’y résout que par faiblesse via in-vitro. Car la dame n’est plus toute jeune. Fausse-couche, séparation mais apparemment happy-end.
Pas mal.
Sauf qu’on peut se lasser des auto-analyses cinématographiques de la troublante et troublée Valeria. Elle y convoque ainsi les vrais acteurs de sa vie, sa vraie mère, Louis Garrel n’est pas inconnu dans sa vie personelle, et les faux jouent les vrais rôles de son entourage. Doit-on craindre que dans cette série auto-fictionnelle apparaissent dans le prochain numéro sa vraie sœur, la chanteuse, voire son vrai beau-frère présidentiel? Dramatique, la comédie serait alors à son comble. Mais peut-on lui suggérer de changer de sujet?
Certes, Woody Allen en avait fait un fond de commerce constamment salué par la critique et le public français.
Extrait
Jasmine – Alain UGHETTO (1h10)
Tiens Woody Allen, on est pas sûr d’avoir adoré « Blue Jasmine« , reproduction un peu vieillissante d’un réalisateur qui avait été génial devenu systématique. Et qui ces derniers temps fait figure de tâcheron sympathique.
A ne pas confondre avec « Jasmine » tout court, du français Alain Ughetto. Un fil d’animation pâte à modeler lui aussi autobiographique. Il avait rencontré en France peu avant la révolution khomeiniste de 78 une iranienne qui l’avait emmené dans son pays pour vivre en live l’évènement historique. Mais ça sera pas si beau que ça: charia, exécutions sommaires, il rentre en France quand elle préfère rester sur place, malgré tout. Il continueront d’échanger par lettres et c’est tout ce courrier qui sert de matière au film. Qui documente un peu trop avec des archives video au risque de mettre en péril la dimension intimiste du propos. L’animation modelée n’a rien de révolutionnaire et les décors sont un rien bâclés.
Snowpiercer, Le Transpercneige Joon-ho BONG – Corée (2h06)
La super-production de la semaine: » Snowpiercer « . La planète est entrée en glaciation, les survivants sont condamnés à survivre à bord d’un train qui effectue des rotations autour du globe. Mais à bord, les riches sont dans les wagons de tête, les pauvres en queue. La lutte des classes même dans les cataclysmes.
On peut s’étonner que le réalisateur coréen Bong Joon-Ho change radicalement et spectaculairement de manière. Mais dans ce nouveau registre, on ne doit pas douter de la sincérité de celui qui avait réalisé le formidable » Mother « , bouleversante histoire de la descente aux enfers d’une femme, passionnément mère d’un enfant handicapé mental, impliqué dans un meurtre. Spirale sacrificielle, à contre-pied des standards dont on veut croire qu’il ne cède pas dans ce projet à 40 millions de dollars.
Les dix commandements – Cecil B. DeMille – Usa (1956) – (3h40)
On ne sait pas combien ça avait couté, sans doute très cher, réédition sur les écrans des « Dix commandements« , du maître du péplum, Cecil B. DeMille. Ramses c’était Yul Brynner. Moïse, après avoir reçu les tables de la loi ouvrait les eaux de la Mer Rouge pour sauver le peuple des esclaves, c’était Charlton Heston, reconverti ensuite en apôtre moins catholique de la libre circulation des armes. A revoir, près de 4 heures de grand spectacle, ne serait-ce que pour l’ambition d’une mise en scène grandiose, accessoirement sourire avec condescendance de la grossièreté des trucages qui ne connaissaient pas le numérique…
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