« Miracle » de la lituanienne Egle Vertelyte: la cour des illusions 🎬
La comédie désenchantée, douce et efficace est aussi une parabole universelle. Les néo-colons sont parfois gentils, toujours sans scrupules.
Hiver 1992, dans une bourgade neigeuse de Lituanie. Le communisme est tombé il y a peu, il n’en reste que des vestiges et des files d’attentes. Hommes et femmes du village font aussi partie des restes, désœuvrés, découragés, déprimés. Beaucoup travaillent dans la ferme porcine d’Irena, une patronne fatiguée, elle aussi. La soixantaine droite et courageuse, son visage de tragédienne porte les signes d’une existence sans couleurs, sans saveur et sans étincelles. Sur le fronton de sa ferme, on peut encore lire: « Le bien sur terre s’obtient par le travail« . Le slogan s’efface et Irena ne sait comment affronter la déroute d’un système économique qui s’est effondré: la Russie n’achète plus ses cochons, déjà deux mois qu’elle ne paye plus ses ouvriers.
Miracle? Arrive dans une rutilante Cadillac rouge, un homme parlant le lituanien avec un fort accent américain. Et pour cause, Bernadas est américain. La soixantaine conviviale mais conquérante, il explique revenir sur les terres de ses parents, confisquées par les soviets pour construire la ferme. Des allures trumpiennes et les poches bourrées de dollars, c’est le Messie, il rachète généreusement les parts qui ne valaient plus rien des kolkhoziens qui du coup rafraîchissent leurs intérieurs et s’achètent des télés couleurs. Le Zorro yankee promet qu’il va tout changer, transformer l’exploitation en mine d’or. La pourtant raisonnable Irena n’est pas la moins aveuglée par l’homme à la Cadillac. Si elle est dépossédée de son outil, elle croit au sauvetage, et… elle céderait volontiers aux charmes du sauveur, bien plus séduisant que son ex viré pour alcoolisme grave et chronique.
Miracle? Arrive dans une rutilante Cadillac rouge, un homme parlant le lituanien avec un fort accent américain. Et pour cause, Bernadas est américain. La soixantaine conviviale mais conquérante, il explique revenir sur les terres de ses parents, confisquées par les soviets pour construire la ferme. Des allures trumpiennes et les poches bourrées de dollars, c’est le Messie, il rachète généreusement les parts qui ne valaient plus rien des kolkhoziens qui du coup rafraîchissent leurs intérieurs et s’achètent des télés couleurs. Le Zorro yankee promet qu’il va tout changer, transformer l’exploitation en mine d’or. La pourtant raisonnable Irena n’est pas la moins aveuglée par l’homme à la Cadillac. Si elle est dépossédée de son outil, elle croit au sauvetage, et… elle céderait volontiers aux charmes du sauveur, bien plus séduisant que son ex viré pour alcoolisme grave et chronique.
Burlesque et mélancolie
Pas si simple. Bernadas finit par avouer: il n’a que faire de la ferme, ce qu’il est venu chercher c’est un trésor que ses parents auraient enfoui avant de fuir. D’abord à la pelle puis avec de gros engins excavateurs l’espace est ratissé, fouillé et finalement complètement détruit. Irina est âpre à la tâche dans ce chantier de l’illusion. Dans un moment de pause du ravage, elle cède enfin à l’étreinte de sa nouvelle idole qui, pourtant, disparaît piteusement et promptement. En dépit de son âge, Irina en sera quitte pour une dernière surprise, déroutante mais très… spirituelle.
La fable espiègle est percutante et joliment composée. Celle du choc entre deux systèmes, deux idéologies, deux modèles. Promettant monts et merveilles, les colons d’un communisme moribond qui avait détruit l’individu ont à leur tour produit du rêve qui n’a profité qu’à quelques goinfres opportunistes. Mistral perdant pour la plupart. De ce constat, Egle Vertelyte ne fait pas un film triste, il est juste et justement désenchanté, privilégiant le registre de la comédie douce-amère. Et pour un premier long-métrage, elle montre qu’elle sait y faire en matière de cinéma. Belles astuces de mise en scène, cadres au cordeau dans un format serré, quelques répliques en or dans un dialogue toujours sur le qui-vive. La jeune réalisatrice lituanienne excelle à mettre en images et en décors sa mélancolie aux couleurs démodées, abîmées par le temps et les désillusions de ces gens-là, gens de peu, vrais gens, mais perdus.
La fable espiègle est percutante et joliment composée. Celle du choc entre deux systèmes, deux idéologies, deux modèles. Promettant monts et merveilles, les colons d’un communisme moribond qui avait détruit l’individu ont à leur tour produit du rêve qui n’a profité qu’à quelques goinfres opportunistes. Mistral perdant pour la plupart. De ce constat, Egle Vertelyte ne fait pas un film triste, il est juste et justement désenchanté, privilégiant le registre de la comédie douce-amère. Et pour un premier long-métrage, elle montre qu’elle sait y faire en matière de cinéma. Belles astuces de mise en scène, cadres au cordeau dans un format serré, quelques répliques en or dans un dialogue toujours sur le qui-vive. La jeune réalisatrice lituanienne excelle à mettre en images et en décors sa mélancolie aux couleurs démodées, abîmées par le temps et les désillusions de ces gens-là, gens de peu, vrais gens, mais perdus.
Miracle – Egle Vertelyte (Lituanie) – 1h31
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