Un road-movie tétanisant dans les ornières du rêve américain. Imagen Poots éblouissante.
Ali et Evan sont encore très jeunes et déjà dans l’habitude des horizons sans avenirs et des plans foireux. Mais ils s’aiment, furieusement, et s’illusionnent au rêve que demain tout ira mieux, ils vivront heureux dans une belle petite maison bien à eux. Pour l’heure, dans l’hiver neigeux et glacial de l’Ontario, ils vivent dans une camionnette qui leur sert à trafiquer dans le monde interlope des combats de coqs. Bone est aussi embarqué dans la galère. C’est le fils d’Ali, il n’a que 8 ans, mais la fréquentation des mauvais coups en font un gamin déjà très indépendant et son apparente innocence est précieuse quand il faut tromper le client ou l’ennemi. C’est lui, trop mignon, qui garde en permanence au creux de ses bras le coq qui de temps à autre rapporte une petite liasse de dollars au couple. Evan, sans scrupules ni états d’âmes le charge parfois aussi de vendre des cocottes de cocaïne. Une nuit, ça tourne mal, le bout de chou risque sa peau mais le bad boy s’en fout. Soudain sanguine, Ali, n’en peut plus de l’égoïsme criminel de son amant, tant pis pour l’amour, elle le plaque.
Par un pittoresque concours de circonstances, la mère et son fils se trouvent transportés dans un nouvel univers, enfin plus calme, un peu plus réglo. Ali est embauchée sur un chantier d’entretien de mobile homes. Une suite plus douce, plus harmonieuse. Mais les vieux démons, réels ou cauchemardés, n’ont pas renoncé à toquer à la porte.
Par un pittoresque concours de circonstances, la mère et son fils se trouvent transportés dans un nouvel univers, enfin plus calme, un peu plus réglo. Ali est embauchée sur un chantier d’entretien de mobile homes. Une suite plus douce, plus harmonieuse. Mais les vieux démons, réels ou cauchemardés, n’ont pas renoncé à toquer à la porte.
Amour et illusion
Un coup de poing cinématographique pour une plongée voyageuse dans les ornières des oubliés du rêve américain (qui ne concerne plus grand monde). L’amour à mort quand il est d’une telle irresponsabilité est en effet meurtrier, l’illusion du jour qui sera aussi celle du lendemain, le fantasme de la toute puissance alimentée autant par la défonce que par l’adrénaline du risque qui conduirait à une vie de rêve quand ils sont surtout fondateurs d’une relation toxique. Mais il y a une mère aussi, c’est ce lien maternel, pas les flics, qui vont être les plus forts pour qu’elle imagine sortir d’une boucle viciée jusqu’à ce que cette maman trop paumée démissionne.
Virtuosement filmé et mis en scène, à l’arrache dans une première partie, dans la trépidation de ce que vivent des personnages out of control, plus sereinement ensuite pour imaginer une fragile harmonie enfin trouvée, avant de virer dans le design thriller (et son haletante course poursuite), pour trouver enfin une terrible froideur dans un dénouement impossible mais réellement émouvant.
Vladimir de Fontenay est un jeune cinéaste prometteur, précis et actif dans sa mise en scène, subtil dans un scénario -issu d’un de ses courts-métrages-, il construit l’ambiguïté de ses personnages pour ne surtout pas les juger. Au service de ce constat brut d’une marge, il a débusqué des comédiens formidablement justes, tous, y compris le gamin, on aura tous une admiration particulière pour Imogen Poots, mère indigne autant que câlinante, violente autant que fragile, sa palette de jeu est impressionnante. À elle seule elle vaut d’embarquer dans ce road movie tétanisant.
Virtuosement filmé et mis en scène, à l’arrache dans une première partie, dans la trépidation de ce que vivent des personnages out of control, plus sereinement ensuite pour imaginer une fragile harmonie enfin trouvée, avant de virer dans le design thriller (et son haletante course poursuite), pour trouver enfin une terrible froideur dans un dénouement impossible mais réellement émouvant.
Vladimir de Fontenay est un jeune cinéaste prometteur, précis et actif dans sa mise en scène, subtil dans un scénario -issu d’un de ses courts-métrages-, il construit l’ambiguïté de ses personnages pour ne surtout pas les juger. Au service de ce constat brut d’une marge, il a débusqué des comédiens formidablement justes, tous, y compris le gamin, on aura tous une admiration particulière pour Imogen Poots, mère indigne autant que câlinante, violente autant que fragile, sa palette de jeu est impressionnante. À elle seule elle vaut d’embarquer dans ce road movie tétanisant.
Mobile Homes – Vladimir de Fontenay (France) – 1h45
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