Pierre Henry, 1927-2017. À la maison, j’ai démoli le piano pour faire des sons!
L’orage, les bombes , les sirènes et les oiseaux, ce sont les premiers sons dont il dit se souvenir dans cette émission. Plutôt que « concrète », il préfère qu’on qualifie sa musique de « globale ». Pierre Henry est à la marge géniale qui fait les artistes inclassables et intemporels. « Ma musique est née avec moi, mon enfance a été une sorte de source de sons et d’impulsions! »
Après Pierre Schaeffer (1910-1995), un homme de la radio et sa musique inspirée du « tintamare » du quotidien, Pierre Henry intègre dans cette lignée le poncif. Il devient par sa verve et son originalité électroacoustiques le « père de la musique concrète ». Pardon, « globale ».
À ce niveau de création, il est l’une des références des artistes modernes ou contemporains.
Avec la transcription musicale de ses états d’âme et de corps, il emmenait forcément ses auditeurs sur les crêtes de la remise en cause sensorielle.
De constitution fragile, élevé à la maison, fantasque dans ses interactions sociales, il fréquente le Conservatoire de Paris avant puis -parenthèse obligée- après la guerre où il rejoint, dans la classe d’harmonie d’Olivier Messiaen, Pierre Boulez. Il est embauché pour des « sons concrets » aux percussions par Pierre Schaeffer à la radio en 1949 alors qu’il a déjà signé deux morceaux expérimentaux…
La quantité, la diversité de chemins d’investigation et de passions révélées est énorme. Je retiens son mouvement d’Orphée, dans lequel il décrit extraordinairemnt, avec du son, ce moment où Orphée coupe le voile qui lui permet d’entrer aux enfers.
Daniel Terruggi, directeur du groupe de recherche de l’INA. ©Libération, 7 juillet 2017.
… Ces deux-là signeront une trilogie dont la « Symphonie pour un homme seul » (création pour la RTF) a été remarquablement transcendée par Maurice Béjart. En 1953, ils rompent leur collaboration et Pierre Henry s’adonne au solo. Ses créations reçoivent des accueils variés ou générateurs de scandale, c’est selon! La « Messe pour un temps présent » (et avec Michel Colombier) est dite en 1957. Habitant de son « home -studio », ouvert régulièrement au public, le compositeur qu’il est multiplie les variations sonores et musicales qui vont de la pure abstraction aux emportements héroïques. Il préfère la souplesse du disque au numérique, ce qui ne l’empêche pas de mobiliser ses fans via internet.
Je n’ai jamais utilisé l’ordinateur comme logiciel de fonctionnement de compositeur. L’ordinateur c’est ma tête!
Je ne suis pas l’instigateur de la techno, j’ai peut-être aidé à ce que ça se passe.Pierre Henry. DMDM, 2005.
C’est en 2005 que Des mots de minuit le reçoivent à l’occasion de la sortie de son album « Voyage initiatique ». Il évoque l’évolution de sa carrière et de ses recherches musicologiques. Il est avec l’alpiniste Jean Christophe Lafaille, mort en 2006, co-auteur avec Benoît Heimermann du livre « Prisonnier de l’Anapurna » (éditions Guérin) qui relate l’ascension des sommets de plus de 8000 mètres d’altitude.
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