Doudou Diène, rapporteur spécial de l’Onu et Tcheka, chanteur capverdien #292
À l’occasion d’un « Paris-Dakar » qui envahissait encore l’Afrique de ses pétarades avant d’aller polluer l’Amérique du sud, « Des mots de minuit » préférait les chemins de traverse en allant questionner d’autres façons de faire parler du continent avec ses artistes, qu’ils écrivent, qu’ils chantent, peignent ou s’engagent dans les combats de santé publique, de réformes sociales, de désir d’avenir
Émission N°292 du 16 janvier 2008
Rédaction en chef : Rémy Roche
Journalistes: Lorenzo Ciavarini Azzi et Nathalie Mantovani
Production: Thérèse Lombard et Philippe Lefait
© Desmotsdeminuit/France2
et le musicien capverdien Tcheka
- Doudou Diène décrit son travail de rapporteur au sein de l’ONU, de fait, expert indépendant non rémunéré. Il dénonce la reprise par les élites, notamment européennes, politiques, intellectuelles ou médiatiques des thèses essentialistes des siècles passés qui posent une infériorité déterminante de l’Homme noir sur les plans intellectuel, culturel et civilisationnel (le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar en juillet 2007, les propos d’Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuelle de l’Académie française, sur la polygamie dans les banlieues; ceux de Pascal Sevran sur la sexualité des Noirs cause de famine). Il estime que le pluralisme culturel des sociétés occidentales, états-nation en crise identitaire effraie les élites intellectuelles et rappelle que ces thèses ont également justifié l’esclavagisme, « cette tragédie de cinq siècles ».
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Le racisme et la xénophobie constituent les menaces les plus graves pour la démocratie. Pour deux raisons. La première, c’est que le sentiment raciste, le rejet de l’autre, s’est répandu sur tous les continents, de manière plus complexe qu’autrefois. La deuxième, c’est que nous assistons à une instrumentalisation politique du racisme qui, avec la xénophobie payent électoralement, notamment en Europe. Ces idées, jusque là domaine des partis de l’extrême droite, à la marge, imprègnent lentement les programmes des partis dits démocratiques, notamment dans les débats sur l’immigration, sur l’asile et maintenant sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001… Les immigrés deviennent une espèce en danger.
Doudou Diène. « Des mots de minuit », janvier 2008.
Doudou Diène présente un fer ayant retenu l’un des derniers esclaves noirs de Cuba…
MUSIQUE :
– Tcheka interprète Tenpul nona negul pinha , un extrait de son album Lonji
Manuel Lopes Andrade, dit Tcheka, est né le 20 juillet 1973, au port de Ribeira Barca, commune de Santa Catarina, sur l’île de Santiago, dans l’archipel du Cap-Vert. Il a appris la musique auprès de son père violoniste, Nho Raul Andrade. Il joue ainsi dans les fêtes populaires ou les mariages. Assez rapidement pourtant, il développe un style qui lui est propre, sur la base du batuque. Ce rythme est particulier à l’île de Santiago. Généralement joué par des femmes, qui utilisent des sacs emplis de tissus et de chiffons comme tambour de fortune, il est en fait l’accompagnateur des chants qu’elles entonnent. Elles content alors les histoires des villages…
RFI. 14 novembre 2005.
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