Antoine Desrosières, Paulo Branco 🎥 Mamad Haghigat, José Maria Riba 🎼 avec Orquestra Aragon et Leszek Mozdezer Cannes 2000 #32
Quand se croisent, à deux pas des marches, la fougue et l’intrépidité d’un jeune cinéaste; quand une jeune femme iranienne envoie balader ses études pour tourner dans un pays où la propagande d’un ayatollah a donné une légitimité à l’image, quand un producteur défend la possibilité du cinéma français, quand un critique fait sélection. Retour sur les humeurs du 53ème Festival de Cannes (1)
Des mots de minuit: émission n°32 du 10 mai 2000.
Cannes 2000. Première émission. (Émission 2 du 17 mai 2000)
Réalisation : Pierre Desfons
Rédaction en chef : Rémy Roche
Production : Thérèse Lombard et Philippe Lefait
©desmotsdeminuit.fr/France2
CONVERSATION:
Deux personnages que tout oppose et qui se retrouvent dans une voiture… Lui a viré tout ce qu’il y a d’humain dans sa vie et vit selon des règles abominables. Mais tout va s’écrouler… Le secret de fabrication de ce film! Je suis parti le tourner comme un fou furieux, comme un sauvage en demandant aux comédiens d’inventer leur personnage. Dans un premier temps, on est partis en se demandant comment les opposer. Je suis revenu avec un truc qui ne tenait pas la route. Après, j’ai écrit un scénario et remonter. J’ai tout fait à l’envers!
Antoine Desrosières. DMDM à Cannes, 2000.
Le réalisateur du film « Banqueroute », définit le métier de réalisateur -il est aussi producteur- comme un passage de la solitude à la communication et une interaction nécessaire avec d’autres métiers.
En 2016, il réalise « Haramiste »…
Ce qui est incroyable, c’est qu’on peut trouver en France des gens qui peuvent faire du cinéma, avoir de l’imagination et travailler à ce qu’ils veulent. On vit ça tout le temps en France… Et, très souvent, après, on les retrouve ici à monter les marches… La force et la seule possibilité du cinéma européen, face à la déferlante US, c’est notre système. Il ne faut pas non plus exiger que tous les films soient des succès. Au contraire. C’est à travers cette possibilité et cette diversité qu’on arrive, après, à trouver le succès public pour des films qui ne sont pas compris immédiatement mais qui restent dans l’histoire du cinéma.
Paulo Branco. DMDM à Cannes, 2000.
Le producteur défend le système français, évoque Chantal Ackermann (1950-2015) avec qui il a travaillé pour « La Captive » d’après Proust et explique comment son travail change en fonction des réalisateurs, soit qu’il suive le film de A à Z soit qu’il laisse plus de liberté au metteur en scène.
Pendant des années, la famille Makhmalbaf a frequenté les intellectuels iraniens. Les enfants s’en sont nourris. Samira a toujours été présente sur les films de son père. Elle a joué dans l’un d’eux à 8 ans. Elle a été son assistante réalisatrice… Elle a laissé tomber ses études. Elle a dit: « Moi, je m’emmerde à l’école… Je veux faire du cinéma! » Comme iranienne, elle l’a fait!
Mamad Haghighat. DMDM à Cannes, 2000.
Ce spécialiste du cinéma iranien a travaillé à la sélection des 3 films iraniens présents à Cannes, notamment « Djomé » et « Un temps pour l’ivresse des chevaux ». Il trace un bref historique du cinéma iranien, évoque Samira Makhmalbaf, la réalisatrice du « Tableau noir ».
Il évoque également la perte de pouvoir des conservateurs en Iran et la production cinématographique du pays. Elle peut être privée, publique, ou servir le cinéma de propagande. Du fait de la faible diffusion de films étrangers en Iran, les réalisations nationale trouvent un débouché sur place. 70 longs métrages sont produits chaque année en Iran.
A Paulo Branco qui s’étonne de la force et de la liberté du cinéma iranien, Mamad Haghighat explique que l’imam Khomeiny, en arrivant au pouvoir a donné une forme de légitimité à l’image car il en avait besoin pour la propagande du régime qu’il instaurait.
Comme sélectionneur, dans notre collectif, nous avons essayé d’être très conscients de ce temps, de ces 5 ans pendant lesquels se fait ce cinéma. En une heure et demi de temps, on liquide le travail de 5 ans avec une facilité terrible. La question la plus dure, pour être honnête en tant que sélectionneur et critique, ça a été… quand il nous restait 20/22 films sur plusieurs centaines… quand il a fallu n’en garder que sept! Sept longs et 7 courts!
José Maria Riba. DMDM à Cannes, 2000.
Le journaliste (AFP) a participé à la sélection des films présentés à la Semaine de la critique.
La critique cinéma de la rédaction de France 2 parle de la surmédiatisation du festival, de l’augmentation des coûts qui nécessite de trouver des sponsors mais aussi du problème des limites à poser.
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