Édifiante et tragique incursion théâtrale dans la complexité de la parentalité. Par Joël Pommerat grand synthétiseur de nos angoisses et turpitudes.
Une jeune femme sur le devant de la scène, elle attend un enfant, le premier. Ce bébé (dont on doute qu’il connaitra son père) va la remettre sur les rails, le bonheur de sa venue, c’est sûr dit-elle, va la faire devenir femme parce que mère, et d’ailleurs elle sera mieux que sa propre mère, ce sera une revanche, une vengeance. D’abord chuchotés, ses propos qui deviennent délires, elle les hurlent ensuite, tandis que l’orchestre derrière elle plaque méthodiquement des accords de blues, elle s’y fond, c’est en effet un gros coup de blues. Pour elle et pour le spectateur. Dans une séquence suivante, elle se débarrassera de son nouveau-né en le collant dans les bras de ses voisins de palier.
A l’origine de ce projet, une envie de la Caisse d’Allocations Familiales du Calvados de faire intervenir le théâtre dans les difficiles relations de parentalité dont elle est témoin. Des groupes de discussions sont organisés, Joël Pommerat est associé à l’aventure. Si l’on en croit la tonalité de « Cet enfant », c’est pas gai. Il n’en fera pas la retranscription, c’est un homme de théâtre: « Les paroles entendues lors des échanges, émouvantes et parfois violentes appartenaient au registre de l’intime et non du spectaculaire. » Il s’inspire de l’esprit de ces échanges, mais puise surtout dans ses souvenirs, ses lectures et dans son imaginaire de dramaturge.
C’est ainsi qu’apparaissent une mère qui voudrait tant que sa fille « brille« , une gamine qui avoue sans état d’âme à son géniteur qu’elle se fiche de ne plus jamais le revoir, un fils qui insulte son père pourtant impotent, ou encore cette femme dépressive qui chroniquement, maladivement, retient son garçon premier de sa classe, juste avant qu’il parte à l’école: « Tu n’aimes pas ta maman?«
Mères possessives, pères absents, enfants innocemment cruels, qui ne pourrait trouver une entrée dans cette exposition sobre bien que radicale et dérangeante, bouleversante: Cet enfant pose l’indispensabilité de la parentalité. Une fois encore, le génie de Pommerat est bien de mettre en théâtre des situations presque ordinaires qui, dans les clairs-obscurs magiques de son scénographe Éric Soyer, deviennent des moments de tragédie théâtrales.
Clin d’œil espiègle, l’orchestre (qui n’est qu’un hologramme) joue et torture à plusieurs reprises « Une chanson douce« . « … que me jouait ma Maman. » Pas si simple. Joël Pommerat est le metteur en scène des incompréhensions, des impossibilités, des injustices.
A l’origine de ce projet, une envie de la Caisse d’Allocations Familiales du Calvados de faire intervenir le théâtre dans les difficiles relations de parentalité dont elle est témoin. Des groupes de discussions sont organisés, Joël Pommerat est associé à l’aventure. Si l’on en croit la tonalité de « Cet enfant », c’est pas gai. Il n’en fera pas la retranscription, c’est un homme de théâtre: « Les paroles entendues lors des échanges, émouvantes et parfois violentes appartenaient au registre de l’intime et non du spectaculaire. » Il s’inspire de l’esprit de ces échanges, mais puise surtout dans ses souvenirs, ses lectures et dans son imaginaire de dramaturge.
C’est ainsi qu’apparaissent une mère qui voudrait tant que sa fille « brille« , une gamine qui avoue sans état d’âme à son géniteur qu’elle se fiche de ne plus jamais le revoir, un fils qui insulte son père pourtant impotent, ou encore cette femme dépressive qui chroniquement, maladivement, retient son garçon premier de sa classe, juste avant qu’il parte à l’école: « Tu n’aimes pas ta maman?«
Mères possessives, pères absents, enfants innocemment cruels, qui ne pourrait trouver une entrée dans cette exposition sobre bien que radicale et dérangeante, bouleversante: Cet enfant pose l’indispensabilité de la parentalité. Une fois encore, le génie de Pommerat est bien de mettre en théâtre des situations presque ordinaires qui, dans les clairs-obscurs magiques de son scénographe Éric Soyer, deviennent des moments de tragédie théâtrales.
Clin d’œil espiègle, l’orchestre (qui n’est qu’un hologramme) joue et torture à plusieurs reprises « Une chanson douce« . « … que me jouait ma Maman. » Pas si simple. Joël Pommerat est le metteur en scène des incompréhensions, des impossibilités, des injustices.
« Cet enfant« . Création théâtrale de Joël Pommerat
Bouffes du Nord (Paris) , jusqu’au 27 septembre 2014
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