Matricule 060214
De l’usage des mots…
Concaténation, palinodie, aboulie…
Je lisais hier dans le journal de papier…
“La famille est au centre de l’intime de chacun, la concaténation de ses croyances, de son éducation et de sa sexualité.”
Ça, c’était lundi…
“Cette palinodie est aussi une faute politique.”
Voilà pour mardi…
“… dont le champ d’intervention s’accroît tous les jours devant l’aboulie…”
Et l’occurrence de mercredi…
Et je retrouve trois jours de suite chez mon confrère éditorialiste de Libération, François Sergent, très sévère pour le coup avec la politique du gouvernement trois mots que j’utilise rarement (rarement ou jamais? – ndlc), dont je vais rechercher à l’occasion le sens mais surtout qui me renvoient à mes premières gorgées de bière quand petit, j’allais jouer à “cherche-mots” dans les pages d’un dictionnaire dont la jaquette était illustrée par la semeuse au pissenlit en fleur. Il y avait là un bon plaisir du terme rare et de l’accès à la puissance d’une langue. Un jeu comme un autre qui me donne toujours envie. Réserve faite, que sur le numérique, le défilement vous oblige à une logique d’abécédaire qui use le doigt quand le “petit Larousse” offrait la surprise de la page ouverte au hasard. En plus j’ai l’odeur de celui qui me reste. Un peu déchiré, un poil grignoté, un rien auréolé par le café des révisions pour l’interrogation écrite.
Cela dit, la toile se défend bien. Elle offre la sérendipité, “l’exploration curieuse”, mot contemporain qui fait trouver sans chercher vraiment.
Ma nostalgie et la modernité –sérendipité dictionnairique- me font tomber, à dix lignes de concaténation sur con, mot hermaphrodite, excluant toute théorie -au demeurant inexistante- du genre et ne se pratiquant que dans les cours de récréation, comme insulte ou comme propos initiatique. La palinodie m’amène naturellement à la palicinésie. C’est une répétition incoercible du même geste. François Sergent pourrait prendre comme exemple dans son journal, un tropisme actuel: retirer les projets de loi qui fâchent une minorité prête à boire du thé. Enfin, à un peu plus de trois mots d’aboulie, aboucher m’attire. Il s’agit de relier des choses ou des gens. La voie royale vers l’autre…
Philippe Lefait
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