« Au secours, les mots m’ont mangé » de Bernard Pivot. S’il le dit!
Figure emblématique de la littérature et de la télévision, critique littéraire, journaliste, président de l’académie Goncourt, Bernard Pivot a dédié sa vie aux mots. « Au secours! les mots m’ont mangé » leur rend un nouvel hommage.
Ils les a inlassablement transmis au fil d’émissions qui resteront à tout jamais dans les mémoires, les a couchés sur le papier dernièrement dans son « Dictionnaire amoureux du vin« , les a dictés à des milliers de téléspectateurs mais ne les avait jamais incarnés. C’est chose faite depuis « Souvenirs d’un gratteur de tête » spectacle crée en 2012 au Théâtre du Rond Point. Depuis Bernard Pivot semble avoir pris goût à la scène. Pour preuve « Au secours! les mots m’ont mangé » conçu spécialement pour les planches et publié aux Editions Allary.
Le personnage qu’il incarne est un écrivain à succès, auréolé du prestige du Prix Goncourt, pour qui écriture et lecture relèvent de l’alimentation. « On déguste des phrases. On savoure des textes. On boit des paroles. On dévore des livres. On s’empiffre de mots ». Ce n’est pas Bernard Pivot qui le contredira. Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’au jour où le grand écrivain fait une étrange découverte: « la vérité est toute autre: ce sont les mots qui nous grignotent, c’est la syntaxe qui nous mâche, c’est la grammaire qui nous boulotte, ce sont les livres qui nous avalent« . Un constat que le célèbre animateur d’Apostrophes qui a présenté plus de sept cents émissions pourrait faire sien et résume par ce cri du coeur : « Au secours! Les mots m’ont mangé…«
Déclaration d’amour
Ce parcours aussi douloureux que cocasse de la naissance du grand écrivain jusqu’à sa comparution devant Dieu est l’occasion d’un fabuleux voyage au pays des mots. Comme Bernard Pivot, le grand écrivain, a la passion des dictionnaires. « Avec ses noms communs et ses noms propres, Le petit Larousse a été ma première agence de voyages. Sûre, commode, rapide, universelle. Les dictionnaires sont la meilleure agence de voyages au monde« . Grâce à eux, il fait des rencontres singulières. Des « mots-chèvres » comme « enchifrené, condescendance, libation, sagacité, rasséréné » mais aussi des « mots rigolos » comme « abracadabra, rikiki, blablabla« . Plus tard, il ne manquera pas de souligner les incohérences de notre langue. Comme ex-femme et ex-mari par exemple: « ils s’écrivent avec un trait d’union. Ils se sont disputés, ils ont se sont séparés, ils ont divorcé. Faut-il continuer de leur mettre un trait d’union? Il est inutile. Supprimons le. » Sans parler d’éléphant que le grand écrivain verrait bien agrémenté d’un h. Ainsi « l’héléphant aurait sur le papier une tête conforme à sa nature, plus de poids, plus de volume ».
Facétieux, érudit, faussement naïf, le ton de « Au secours! Les mots m’ont mangé » n’est pas sans rappeler celui d’Apostrophes à ses plus belles heures. Comme le téléspectateur avant lui, le lecteur rit et s’instruit en même temps. C’est la grande force de Bernard Pivot qui signe avec ce nouveau récit une véritable déclaration d’amour à la langue française.
Le personnage qu’il incarne est un écrivain à succès, auréolé du prestige du Prix Goncourt, pour qui écriture et lecture relèvent de l’alimentation. « On déguste des phrases. On savoure des textes. On boit des paroles. On dévore des livres. On s’empiffre de mots ». Ce n’est pas Bernard Pivot qui le contredira. Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’au jour où le grand écrivain fait une étrange découverte: « la vérité est toute autre: ce sont les mots qui nous grignotent, c’est la syntaxe qui nous mâche, c’est la grammaire qui nous boulotte, ce sont les livres qui nous avalent« . Un constat que le célèbre animateur d’Apostrophes qui a présenté plus de sept cents émissions pourrait faire sien et résume par ce cri du coeur : « Au secours! Les mots m’ont mangé…«
Déclaration d’amour
Ce parcours aussi douloureux que cocasse de la naissance du grand écrivain jusqu’à sa comparution devant Dieu est l’occasion d’un fabuleux voyage au pays des mots. Comme Bernard Pivot, le grand écrivain, a la passion des dictionnaires. « Avec ses noms communs et ses noms propres, Le petit Larousse a été ma première agence de voyages. Sûre, commode, rapide, universelle. Les dictionnaires sont la meilleure agence de voyages au monde« . Grâce à eux, il fait des rencontres singulières. Des « mots-chèvres » comme « enchifrené, condescendance, libation, sagacité, rasséréné » mais aussi des « mots rigolos » comme « abracadabra, rikiki, blablabla« . Plus tard, il ne manquera pas de souligner les incohérences de notre langue. Comme ex-femme et ex-mari par exemple: « ils s’écrivent avec un trait d’union. Ils se sont disputés, ils ont se sont séparés, ils ont divorcé. Faut-il continuer de leur mettre un trait d’union? Il est inutile. Supprimons le. » Sans parler d’éléphant que le grand écrivain verrait bien agrémenté d’un h. Ainsi « l’héléphant aurait sur le papier une tête conforme à sa nature, plus de poids, plus de volume ».
Facétieux, érudit, faussement naïf, le ton de « Au secours! Les mots m’ont mangé » n’est pas sans rappeler celui d’Apostrophes à ses plus belles heures. Comme le téléspectateur avant lui, le lecteur rit et s’instruit en même temps. C’est la grande force de Bernard Pivot qui signe avec ce nouveau récit une véritable déclaration d’amour à la langue française.
Au secours! Les mots m’ont mangé – Bernard Pivot, 110 pages
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